Au moins 17 civils ont été tués et 58 blessés jeudi matin dans de violents échanges d'artillerie entre insurgés islamistes et soldats de la force de paix de l'Union africaine (Amisom) dans la capitale somalienne Mogadiscio.

«Je peux dire qu'il s'agit des pires bombardements que nous avons connus récemment à Mogadiscio. Des tirs d'artillerie lourde ont visé des quartiers populaires, notamment le marché de Baraka, et à Holwadag et Hodan», a déclaré à l'AFP Ali Muse, chef du service des ambulances de Mogadiscio.

Selon des témoins, les insurgés ont d'abord tiré au mortier sur l'aéroport alors que le président cheikh Sharif Sheikh Ahmed prenait l'avion pour se rendre à l'étranger.

Il devait aller en Ouganda pour participer à un sommet spécial de l'Union africaine consacré aux réfugiés et déplacés, a précisé à l'AFP un responsable de la police, le colonel Ali Abdullahi.

Les troupes de l'Amisom, basées sur l'aéroport de la ville en bord de mer, ont riposté par d'intenses tirs d'artillerie lourde.

«J'ai vu les cadavres de six civils tués dans un magasin en flammes du marché de Baraka où ils s'étaient réfugiés pour se protéger des bombardements», a raconté un témoin, Osmail Mohamed.

«Il y a eu beaucoup de morts dans le marché de Bakara où la foule était nombreuse ce matin», a déclaré pour sa part Ahmed Abdullahi Gobe, un commerçant de Baraka.

«Les obus sont tombés alors que les gens vaquaient normalement à leurs occupations. Cela fait longtemps que nous n'avons pas vu une telle tragédie», a raconté cet autre témoin.

La capitale connaissait depuis début octobre un calme relatif, alors que les insurgés islamistes shebab et leurs alliés du Hezb al-Islam, en théorie tous deux alliés en lutte contre le gouvernement de transition somalien (TFG), s'affrontent dans le sud du pays pour le contrôle du port de Mogadiscio.

Les shebab, un groupe inspiré par Al-Qaeda, et le mouvement plus politisé du Hezb al-Islam avaient lancé le 7 mai une offensive militaire dans la capitale ainsi que dans le sud et le centre de la Somalie.

Des centaines de personnes, dont beaucoup de civils, sont mortes lors de quatre mois d'intenses combats à Mogadiscio et un quart de million ont été contraints de fuir leurs maisons.

Ces violents affrontements avaient toutefois sensiblement baissé d'intensité ces dernières semaines.