Le Botswana, modèle de démocratie en Afrique, a voté vendredi dans le calme pour renouveler son Parlement, dans un contexte obscurci par la pire crise économique jamais enregistrée dans ce pays riche en diamants.

Près de 725000 électeurs, sur une population d'1,9 million d'habitants, étaient appelés aux urnes pour désigner 57 députés, qui choisiront ensuite le chef de l'État de ce pays quasi-désertique d'Afrique australe. Les bureaux de vote ont officiellement fermé peu après 17H00 GMT, mais les électeurs dans les files d'attente ont été autorisés à voter après l'heure limite. Les opérations se sont déroulées paisiblement, selon les observateurs.

«Nous n'avons reçu aucune plainte d'actes d'intimidations ou autre de la part des différents partis politiques», a souligné Francisco Madeira, chef de la mission d'observation régionale.

Les résultats du scrutin ne seront connus que samedi. En l'absence d'opposition crédible, les analystes prédisent la victoire du Parti démocratique du Botswana (BDP), au pouvoir depuis l'indépendance de cette ancienne colonie britannique en 1966.

Si le BDP conserve sa majorité, le Parlement devrait ensuite reconduire dans ses fonctions le chef de l'État, Ian Khama, bien que son style autoritaire ait créé des divisions au sein du parti.

Réfutant toute tendance dictatoriale, dans un entretien à l'AFP à la veille du scrutin, le président - au pouvoir depuis avril  2008 - a expliqué avoir limogé certains hauts responsables pour améliorer l'efficacité de son gouvernement.

«Ce que je veux, c'est que les services publics fonctionnent, dans l'intérêt de la population», a déclaré cet ancien militaire de 56 ans, très populaire à l'étranger pour avoir été un des seuls en Afrique à critiquer ouvertement le président zimbabwéen Robert Mugabe.

Même s'il est quasiment assuré de l'emporter, Ian Khama pourrait voir sa majorité amoindrie par le mécontentement d'une population fortement touchée par la crise économique mondiale.

Dans la capitale Gaborone, une jeune chômeuse, Segolame Lisenda, a ainsi confié à l'AFP qu'elle votait pour la première fois dans l'espoir d'«un avenir meilleur pour la jeunesse, davantage d'emploi et d'éducation».

Le Botswana, qui tirait jusqu'à présent trois quarts de ses recettes en devises de la vente des diamants, a été touché de plein fouet par la crise économique mondiale.

Grâce à ces pierres précieuses, le Botswana a connu une croissance moyenne de 9% jusqu'en 2006. Mais cette année, le pays produira moitié moins de diamants que l'an dernier et son Produit intérieur brut (PIB) devrait se contracter de 12% en 2009.

La chute des recettes a déjà commencé à peser sur les programmes sociaux du gouvernement, avec la suppression notamment de 5.000 bourses universitaires, alors que 47% de la population vit toujours avec moins de un dollar par jour.

Les inquiétudes sont également grandes pour les programmes de lutte contre le Sida, qui concerne un adulte sur quatre.

Otsweletse Moupo, du principal parti d'opposition, le Front national du Botswana (BNF), espérait bien bénéficier de cette grogne sociale.

«Nous avons joué cette carte au sein de la population. Nous sommes confiants, peut-être pas de gagner, mais d'obtenir un bon score», a-t-il déclaré à l'AFP après avoir voté à Gaborone.