La France a décidé la suspension immédiate de sa coopération militaire avec la Guinée et réexamine l'ensemble de son aide bilatérale, après la répression «sauvage et sanglante» d'une manifestation à Conakry, a annoncé mardi le chef de la diplomatie Bernard Kouchner.

La France, ancienne puissance coloniale, a également annoncé qu'une réunion de l'Union européenne se tiendrait mercredi à Bruxelles pour «examiner les mesures complémentaires» qui pourraient être prises. «Le bilan des massacres et des graves violations des droits de l'Homme commis hier à Conakry par l'armée guinéenne s'alourdit d'heure en heure. La France réitère sa condamnation de cette répression sauvage et sanglante», déclare le ministre dans un communiqué.

Lors de la répression de cette manifestation, les forces de l'ordre ont tué au moins 157 personnes et se sont livrées à des actes de barbarie, selon une ONG et des témoins.

«La France a décidé la suspension immédiate de sa coopération militaire avec la Guinée. Elle réexamine parallèlement l'ensemble de son aide bilatérale», déclare Bernard Kouchner.

«À notre demande, l'Union européenne se réunit dès demain à Bruxelles pour examiner les mesures complémentaires, notamment individuelles, qui pourraient être prises rapidement», poursuit-il.

«La France se concerte avec les responsables de l'Union africaine, et ses partenaires au Conseil de Sécurité, afin d'envisager les conséquences à tirer de ces événements dramatiques», écrit encore M. Kouchner.

L'Union européenne avait décidé fin juillet de placer la Guinée sous surveillance pendant deux ans et de maintenir le gel de son aide au développement en attendant un retour à l'État de droit après le coup d'État de décembre.

Conformément à l'accord de Cotonou, qui régit les relations de l'UE avec les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), les 27 pays européens avaient ouvert en mars des «consultations» avec Conakry, prévues en cas d'atteinte grave à la démocratie et aux droits de l'Homme.

La junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara a pris le pouvoir le 23 décembre quelques heures après l'annonce de la mort du «général-président» Lansana Conté, qui avait dirigé le pays d'une main de fer de 1984 à 2008.

L'aide humanitaire de l'Union européenne n'a en revanche jamais été suspendue.