Les insurgés islamistes radicaux ont appelé dimanche à de nouvelles attaques suicide contre la force de paix de l'Union africaine en Somalie (Amisom), trois jours après l'attaque la plus meurtrière jamais enregistrée par la force depuis son déploiement en 2007.

«Tuez-les», a ainsi lancé dimanche l'un des plus hauts responsables islamistes radicaux somaliens, Cheikh Hassan Dahir Aweys, lors d'une prière organisée à Elashabiyaha (environ 18 km à l'ouest de Mogadiscio) à l'occasion de la fête de l'Aïd el-Fitr, marquant la fin du mois de jeûne sacré musulman du ramadan.

«J'appelle la population à mener plus d'attaques contre les troupes africaines. Elles sont venues en Somalie pour aider notre ennemi (le gouvernement de transition, ndlr). Tuez-les (...) par n'importe quel moyen, y compris des attaques suicide», a déclaré Cheikh Aweys.

«Ils (les soldats de l'Amisom) doivent quitter le pays, sinon, il n'y aura pas de paix», a-t-il ajouté.

Vingt et une personnes, dont 17 soldats de l'Amisom, ont péri jeudi à Mogadiscio dans un double attentat à la voiture piégée revendiqué par les shebab, un autre groupe d'insurgés somaliens.

Cheikh Aweys - recherché par Washington pour ses liens présumés avec Al-Qaeda - est également revenu sur la mort d'un responsable régional du réseau de ben Laden, le Kényan Saleh Ali Saleh Nabhan, tué lundi dans le sud du pays lors d'une opération américaine héliportée.

«L'ennemi d'Allah prend pour cible des musulmans partout dans le monde. Il n'y a pas que Nabhan qui ait été tué récemment. Ils en ciblent beaucoup d'autres. De telles attaques ne feront qu'augmenter la haine et la violence», a-t-il averti.

Nabhan figurait sur la liste des personnes les plus recherchées par la police fédérale américaine (FBI) qui le considérait comme le cerveau présumé d'un attentat à Mombasa en novembre 2002 contre un hôtel appartenant à des Israéliens, qui avait fait 18 morts, dont trois kamikazes.

Presque simultanément, un avion israélien avait échappé à deux missiles peu après son décollage de l'aéroport de la ville. Le réseau Al-Qaeda avait revendiqué les attaques.

La mort de Saleh Ali Saleh Nabhan, dont la famille est installée depuis plusieurs générations à Mombasa, principal port du Kenya, a ravivé la crainte d'attaques terroristes dans ce pays voisin de la Somalie.

L'armée et la police kényanes ont indiqué dimanche avoir relevé le niveau de surveillance dans le pays.

«Nous avons pris des mesures. La sécurité est suffisante aux points frontaliers. Elle vient juste d'être augmentée, c'est une adaptation (de notre dispositif) que nous faisons régulièrement», a déclaré le porte-parole de l'armée kényane Bogita Ongeri.

Des sources militaires kényanes ont assuré à l'AFP que des renforts de troupes avaient été convoyés à Liboi, Garissa et Wajir, trois localités de l'est du Kenya proches de la frontière somalienne.

À Nairobi et dans les principales villes du pays, le dispositif policier a également été resserré.

Les shebab et le groupe plus politisé de Cheikh Aweys ont lancé début mai une vaste offensive contre le gouvernement de transition du président somalien Sharif Cheikh Ahmed.

M. Sharif et son ancien frère d'armes Cheikh Aweys étaient à la tête des Tribunaux islamiques balayés fin 2006 par une intervention militaire éthiopienne.

Après deux ans d'exil, Sharif est revenu en Somalie et a été désigné président fin janvier, apparaissant comme l'une des rares personnalités capables de réconcilier les différentes factions politico-militaires somaliennes.

Devenu son ennemi, Cheikh Hassan Dahir Aweys a rejoint peu après l'insurrection islamiste pour créer sa propre formation, le Hezb al-Islam.