Au moins 14 soldats de la force de paix de l'Union africaine en Somalie (Amisom) ont été tués jeudi à Mogadiscio dans un double attentat à la voiture piégée revendiqué par les islamistes radicaux shebab.

Cette attaque, perpétrée au coeur même du quartier général de l'Amisom, sur l'aéroport de Mogadiscio, est la plus meurtrière enregistrée par la force de paix depuis son arrivée en mars 2007 dans la capitale de ce pays ravagé par une guerre civile depuis 1991.

«Selon un nouveau bilan provisoire, nous avons déjà 10 soldats burundais tués dans l'attentat de Mogadiscio», a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'armée burundaise, le général Lazare Nduhayo, qui annonçait plus tôt cinq morts dans les rangs burundais.

Ces nouvelles victimes portent le bilan provisoire de l'attentat à 14 morts, dont le numéro deux de l'Amisom, le général burundais Juvénal Niyonguruza, sur le point d'achever sa mission.

Interrogé par l'AFP en mai à Mogadiscio, ce dernier faisait part des difficultés de la mission de l'Amisom: «Nous avons fait le sacrifice pour aider les Somaliens à reconquérir la paix. La paix viendra bien sûr, mais c'est un processus».

L'attentat «est une mesure de représailles après la mort de Saleh Ali Saleh Nabhan», un responsable présumé d'Al-Qaeda en Afrique de l'Est tué lundi en Somalie dans une attaque héliportée américaine, a affirmé à la presse le porte-parole des shebab, Ali Muhamud Raghe.

Les islamistes, a-t-il ajouté, voulaient également «perturber les préparatifs militaires d'une prochaine attaque contre les forces de la résistance somalienne».

Le commandant de l'Amisom, le général ougandais Nathan Mugisha, a été blessé, légèrement, tandis que six blessés, dans un état jugé très grave, ont été évacués à Nairobi jeudi soir, a-t-on appris de source policière kényane.

«L'explosion a été causée par une voiture piégée qui s'est faufilée dans un convoi de responsables somaliens devant participer à une réunion de l'état-major de l'Amisom. Le véhicule a explosé une fois dans le camp ougandais», selon le général Nduhayo.

Le gouvernement somalien «a condamné cette attaque suicide perpétrée par deux criminels utilisant des voitures volées de l'ONU», précisant que des responsables gouvernementaux figuraient parmi les blessés.

«Nous avons procédé à deux attaques suicide contre l'ennemi et les deux missions ont été couronnées de succès», a déclaré à l'AFP un responsable shebab.

Les shebab, qui ont juré la perte du président somalien Sharif Cheikh Ahmed, souvent présenté comme un islamiste modéré, attaquent régulièrement l'Amisom, principal soutien militaire d'un gouvernement de transition très affaibli.

Peu après l'attentat de jeudi, des combats à l'arme lourde des shebab contre les troupes de l'UÀ et forces gouvernementales ont fait cinq morts, tous civils, ont rapporté des témoins.

Onze soldats de cette force sous-équipée - 5000 soldats ougandais et burundais sur un total initialement prévu de 8000 - avaient péri dans un attentat en février.

L'attentat de jeudi a suscité la réprobation unanime de la communauté internationale. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a dénoncé «cet acte de terrorisme dans les termes les plus forts».

Le président de la commission de l'UÀ Jean Ping, l'a fait «dans les termes les plus énergiques» mais affirmé que l'UÀ poursuivrait «ses efforts visant à renforcer l'Amisom».

Dans un communiqué commun, l'Union européenne, l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad, six pays d'Afrique de l'Est), la Ligue arabe, l'ONU, la Norvège et les États-Unis, ont condamné ces attaques «lâches».

Le gouvernement éthiopien dénoncé un acte «désespéré».