Les islamistes radicaux somaliens shebab ont menacé mardi de «venger» la mort d'un leader d'Al-Qaeda en Somalie, tué la veille lors d'un spectaculaire raid héliporté américain dans le sud du pays qui porte un coup significatif à l'organisation islamiste.

«Ceux qui meurent pendant le mois saint du ramadan pour la gloire d'Allah valent beaucoup plus que ceux qui sont encore en vie», a déclaré à l'AFP un leader de la milice islamiste des shebab. «Ils sont morts en martyrs au nom du jihad (guerre sainte). Les musulmans se vengeront de cette attaque», a menacé ce commandant.

Selon un responsable américain, le Kényan Saleh Ali Saleh Nabhan, soupçonné d'avoir participé aux attentats de Mombasa en 2002 revendiqués par Al-Qaeda, a été tué lundi lors d'un raid héliporté des forces armées américaines dans le sud du pays.

«Je ne peux pas vous dire les noms et les nationalités de ceux qui ont été tués dans l'attaque, car tous les musulmans appartiennent à une même nation», a déclaré pour sa part le chef shebab.

L'opération a eu lieu dans un village le long de la côte sud de la Somalie (district de Barawe), à environ 200 km au sud de Mogadiscio et en plein coeur des territoires contrôlés par les shebab, qui se réclament ouvertement d'Al-Qaeda et de son chef Oussama ben Laden.

Selon une source occidentale à Nairobi, qui a requis l'anonymat, six combattants étrangers d'Al-Qaeda, dont Saleh Ali Saleh Nabhan, escortés de trois miliciens shebab, avaient pris la route lundi à l'aube, depuis le port de Merka, au sud de Mogadiscio, pour celui de Kismayo, à 300 km plus au sud.

Leur convoi était composé de deux véhicules 4X4, dont un pick-up.

Après avoir fait étape à Bulamerta, le convoi a été attaqué à 50 km de là, près du village de Roobow, par quatre hélicoptères qui ont détruit les deux véhicules.

Le très affaibli gouvernement de transition somalien (TFG), sous pression des islamistes et soutenu à bout de bras par la communauté internationale, n'a pas encore réagi officiellement à l'incident, qui s'est déroulé dans une région qui échappe totalement à son contrôle.

Peu fréquentes, les interventions militaires étrangères sur le sol somalien restent pour la plupart inconnues du public. En mai 2008, le commandant militaire des shebab, Adan Hashi Ayro, soupçonné de liens avec Al-Qaeda, avait été tué dans une frappe aérienne américaine.

Nabhan, 30 ans, originaire de Mombasa (sud-est du Kenya), avait déjà été la cible d'un bombardement américain en mars 2008 à Dhoble, près de la frontière kényane.

Sa mort représente sans doute une victoire significative pour les États-Unis.

Nabhan figurait sur la liste des personnes les plus recherchées par la police fédérale américaine (FBI) pour son implication dans un attentat contre un hôtel appartenant à des Israéliens, qui avait fait 18 morts, dont trois kamikazes, près de Mombasa, le 28 novembre 2002.

Presque simultanément, un avion israélien avait échappé à deux missiles peu après son décollage de l'aéroport de la ville. Le réseau Al-Qaeda avait revendiqué les attaques.

Un autre «terroriste» présumé, recherché par les autorités américaines et considéré comme le leader régional d'Al-Qaeda, combattrait actuellement en Somalie dans les rangs des shebab: le Comorien Fazul Abdullah Mohamed, désigné comme le cerveau des attentats de Nairobi et Dar es-Salaam en 1998, qui avaient fait 218 morts.

Un nombre indéterminé de combattants étrangers, estimé à quelques centaines selon les spécialistes du dossier, opèrent aujourd'hui en Somalie dans les rangs des shebab. La très grande majorité de ces jihadistes sont issus des diasporas somaliennes dans le monde.