Des «militaires étrangers» non identifiés ont mené lundi une rare opération aéroportée sur un village du sud de la Somalie, dans une zone sous contrôle des islamistes shebab, visant un véhicule au sol dont l'identité des occupants reste pour l'instant inconnue.

Le raid a eu lieu dans les alentours du village d'Erile près de la ville de Barawe, le long de la côte somalienne, à environ 200 km au sud de Mogadiscio. «Il y a eu une opération militaire menée par quatre hélicoptères étrangers dans le village d'Erile contre une voiture», a déclaré à l'AFP un notable de Barawe, Abdinasir Mohamed Adan.

«Le véhicule a été partiellement détruit. Plusieurs de ses passagers ont été emmenés à bord des hélicoptères», a expliqué ce notable, interrogé par téléphone depuis Mogadiscio.

D'autres habitants de la zone ont confirmé l'attaque et fait état de plusieurs tués parmi les occupants du véhicule, sans être capable de préciser l'identité des personnes embarquées dans les hélicoptères, ni même si elles étaient encore vivantes.

L'objectif de l'opération, raid contre un responsable d'Al-Qaeda ou libération d'otages, reste inconnu.

La zone est sous le contrôle des insurgés islamistes shebab, qui se réclament ouvertement d'Al-Qaeda et de son chef Oussama ben Laden.

Selon un responsable islamiste dans la zone, des combattants étrangers d'Al-Qaeda figureraient parmi les victimes du raid.

Les shebab, qui contrôlent le centre-sud de la Somalie, accueilleraient dans leurs rangs plusieurs hauts responsables d'Al-Qaeda, recherchés pour leur implication présumée dans les attentats contre les ambassades américaines de Nairobi et Dar es-Salaam en 1998, et contre des Israéliens en 2002 à Mombasa (sud du Kenya).

Le plus important d'entre eux est Fazul Abdullah Mohammed, un Comorien qui figure sur la liste du FBI américain des terroristes les plus recherchés.

Un de ses complices, Saleh Ali Saleh Nabhan, un citoyen kényan également recherché par les autorités américaines pour les attentats de 2002 à Mombasa, serait actuellement réfugié dans le sud de la Somalie.

La France dément son implication

Selon un commandant shebab à Barawe, des hélicoptères français auraient participé à l'opération de ce lundi, ce qui a été immédiatement démenti par l'état-major français.

«Nous recevons des informations selon lesquelles des hélicoptères militaires français ont attaqué une voiture, la détruisant complètement, et ont pris des passagers», a déclaré ce chef islamiste local, qui a requis l'anonymat.

«Il n'y a pas eu d'opération française», a démenti à Paris l'amiral Christophe Prazuck. «Les militaires français qui sont dans la région opèrent dans le cadre de la mission européenne Atalante de lutte contre la piraterie maritime et ne sont pas intervenus au-dessus du territoire somalien», a-t-il ajouté.

Les shebab détiennent un agent français pris en otage en juillet à Mogadiscio avec un autre collègue. Ce dernier a recouvré la liberté fin août, officiellement après avoir pu échapper à ses ravisseurs.

Trois humanitaires étrangers ont également été kidnappés en juillet dans une localité kényane frontalière de la Somalie, et sont depuis lors retenus en otage, vraisemblablement dans le sud du pays.

Deux journalistes, une Canadienne et un Australien, sont retenus captifs depuis un an en Somalie.