L'armée a refusé vendredi d'assurer le pouvoir par intérim à Madagascar, comme le demandaient trois des quatre forces du pays face à la persistance de la crise politique, au terme du délai fixé par la médiation internationale pour un partage temporaire du pouvoir.

«Les forces armées refusent la mise en place d'un directoire militaire», ont déclaré les principaux chefs militaires malgaches dans un communiqué rendu public à Antananarivo. L'armée «ne s'implique pas dans la politique partisane», selon ses chefs: les militaires «maintiennent une position neutre et restent les défenseurs de l'intérêt supérieur de la nation».

Les généraux malgaches ont ainsi opposé une fin de non-recevoir à l'appel lancé jeudi par les mouvances des ex-présidents Albert Zafy et Didier Ratsiraka et du président évincé Marc Ravalomanana, face à l'impasse politique sur le nom des dirigeants de la future transition, et alors que les négociations avec l'actuel homme fort du pays Andry Rajoelina semblent totalement bloquées.

Selon un accord politique signé à Maputo le 9 août, ces quatre chefs de file des principales formations politiques de la Grande Ile doivent mettre en place une période de transition de quinze mois maximum, qui vise à en finir avec la crise qui affecte Madagascar depuis le mois de janvier.

Cet accord prévoyait la formation d'un nouveau gouvernement de transition dans les trente jours et l'organisation d'élections d'ici fin 2010.

M. Rajoelina et ses trois rivaux ont échoué depuis lors à s'entendre sur les noms du président de la transition, de son premier ministre et du vice-président.

Un nouveau sommet à Maputo s'est achevé le 28 août sans résultat, et la médiation internationale avait donné aux quatre hommes jusqu'au 4 septembre pour trouver une solution.

M. Rajoelina, 35 ans, exige de rester à la tête du pays et de conserver son premier ministre, Monja Roindefo, qu'il avait nommé en février. Son rival Ravalomanana, qui avait été contraint de céder le pouvoir le 17 mars et vit depuis en exil en Afrique du Sud, refuse de lui donner la présidence.

Après plusieurs rendez-vous manqués à Antananarivo avec les partisans de M. Rajoelina, les représentants des trois autres courants avaient finalement souhaité jeudi que les militaires malgaches prennent la tête de la transition.

M. Rajoelina a de son côté réaffirmé vendredi soir son intention de garder son premier ministre actuel, lui demandant simplement «de mettre en place un gouvernement de consensus dans les 72 heures».

«Ce n'est pas la réponse qu'on attendait, tout l'échaffaudage de Maputo II tombe (...). Les trois autres (mouvances) n'accepteront jamais», a réagi Ablassé Ouedraogo, médiateur envoyé spécial de l'Union Africaine, interrogé par l'AFP.

L'armée avait retiré son soutien au président sortant Marc Ravalomanana, confronté à des manifestations de rue quotidiennes, le contraignant à remettre le 17 mars ses pouvoirs à un directoire militaire qui les avait immédiatement transférés à Andry Rajoelina, alors son principal opposant.

L'impasse politique demeure donc en dépit du redoublement des pressions internationales. Les États Unis, par le biais de leur représentation à Antananarivo, ont ainsi appelé vendredi les signataires de Maputo à «la mise en place rapide d'un gouvernement consensuel».

Le 7 et 8 septembre, la crise malgache sera au centre d'un sommet à Kinshasa des chefs d'État de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), qui doivent faire le bilan des dernières négociations.