L'atmosphère était tendue à Libreville mardi au Gabon dans l'attente des résultats de l'élection présidentielle de dimanche annoncés pour mercredi, alors que trois candidats, Ali Bongo, André Mba Obame et Pierre Mamboundou, affirment avoir remporté le scrutin.

La circulation normalement encombrée était très fluide mardi matin à Libreville où les forces de sécurité déployées la veille aux carrefours stratégiques étaient toujours visibles.

«Les gens ont peur et préfèrent rester chez eux», soulignait, inquiet, un chauffeur de taxi. Sans être revenue à la normale, l'activité était toutefois plus forte que lundi où la ville semblait morte.

Beaucoup de Gabonais craignaient toujours des troubles après le scrutin de dimanche que chacun des trois favoris de l'élection assure avoir remporté.

Aucun chiffre sur le taux de participation ou les premières tendances n'a encore été publié officiellement. Prolongeant l'attente et alimentant la tension, la Commission électorale autonome et permanente (Cénap), a annoncé lundi que les résultats seraient publiés mercredi soir.

Depuis dimanche soir, les trois candidats se livrent à une bataille des chiffres, utilisant tous les moyens de communication.

Dans la nuit de lundi à mardi, le camp de l'ancien ministre de l'Intérieur, André Mba Obame, a assuré dans un SMS avoir gagné l'élection avec «50,1%» des voix, alors que la veille celui de l'opposant historique Pierre Mamboundou a dit lors d'une conférence de presse l'avoir remportée avec «39,15%» des voix. Plus tôt dans la journée de lundi, le fils du défunt président Omar Bongo, Ali Bongo, affirmait être «largement gagnant».

Au siège de campagne de l'Alliance pour le changement et la restauration (ACR), coalition de 5 partis qui soutient M. Mamboundou, l'atmosphère était tendue mardi. Plusieurs centaines de personnes ont passé la nuit devant le bâtiment dans le quartier d'Awendjé (nord-est), a appris l'AFP auprès de l'ACR et de voisins.

«Nous sommes ici pour défendre notre victoire, pour protéger nos leaders et aussi les procès-verbaux des bureaux de vote, a affirmé Georges Moussavou, 42 ans, un des militants de Pierre Mamboundou.

«Nous sommes obligés de prendre des dispositions». Il faut que les PV soient en sûreté. Nous dormons ici», a souligné Aimé Nzamba, délégué communal du parti de M. Mamboundou, l'Union du peuple gabonais (UPG).

«Si les autorités donnent Ali Bongo vainqueur et envoient les militaires, nous deviendrons les militaires et eux les civils. Le peuple vaincra et le candidat du PDG quittera le Gabon», a menacé un forestier, Aimery Mbinah.

Les partisans de M. Mba Obame, qui a mis en garde contre «un coup d'Etat électoral», ont pris des mesures similaires devant le domicile de leur candidat (prés de l'aéroport au nord-ouest de la ville), selon un conseiller de l'ex-ministre.

Des tentes ont été installées aux alentours de la maison. «S'ils veulent falsifier les élections, il leur faut les PV. Il est entendu qu'on doit les protéger», a affirmé ce conseiller, en allusion aux autorités suspectées d'être aux ordres d'Ali Bongo.

Dans un entretien au journal Le Parisien publié mardi, le secrétaire français d'Etat à la Coopération, Alain Joyandet, a estimé que le nouveau président du Gabon devra exercer «un mandat de rupture» après Omar Bongo afin notamment de répartir les richesses de façon plus équitable.

«Il a de nouveau assuré que «dans cette élection la France n'avait pas de favori», alors que Paris a été soupçonné au Gabon de favoriser la candidature d'Ali Bongo.