L'équipage ukrainien du MV Ariana, un cargo grec aux mains de pirates somaliens depuis quatre mois, a lancé dimanche un émouvant appel de détresse pour accélérer les négociations pour sa libération et demandé l'évacuation d'urgence d'une femme à bord, gravement malade.

«Nous sommes épuisés et désespérés», a déclaré à l'AFP le capitaine Voronov, à la tête d'un équipage de 24 marins ukrainiens, dont deux femmes.

Une de ces femmes souffre de problèmes gynécologiques, avec un risque d'infection généralisée.

«Aidez-moi, je vous en prie!», a imploré la jeune femme en pleurs, à l'issue d'une conversation téléphonique d'une vingtaine de minutes.

Tous deux étaient interrogés par téléphone satellite depuis Nairobi, à l'initiative de l'ONG Ecoterra International (organisation écologiste spécialisée notamment sur la piraterie au large de la Corne de l'Afrique) et pour «raisons humanitaires».

Au cours de cette même conversation, la femme malade (qui a souhaité ne pas être identifiée) a pu s'entretenir dans sa langue natale avec un médecin ukrainien basé à Nairobi qui a jugé qu'elle était «en danger de mort» et devait être immédiatement prise en charge.

Les pirates refusent son évacuation et de négocier son sort séparément du reste de l'équipage.

Le MV Ariana, battant pavillon maltais, avait été capturé le 2 mai dans l'océan Indien, à 250 miles nautiques au sud-ouest des Seychelles, alors qu'il faisait route vers le Moyen-Orient, en provenance du Brésil, avec à son bord 10 000 tonnes de soja.

Le bateau appartient à la compagnie maritime All Ocean shipping, basée à Athènes, elle-même propriété d'un conglomérat britannique.

Le 8 mai, quelques jours après la capture du navire, les pirates avaient demandé une rançon, et un responsable d'All Ocean shipping affirmait être en «négociation directe» avec les preneurs d'otage. Les négociations sont depuis au point mort, selon des sources concordantes.

«S'il vous plait, faites pression pour que les propriétaires du bateau entament vraiment les négociations!», a lancé dimanche le capitaine Voronov.

L'équipage ne dispose de réserves d'eau que pour quelques jours, a-t-il souligné, ajoutant que les marins n'ont pas subi de mauvais traitement de la part des pirates.

Le MV Ariana navigue actuellement en haute mer, à 50 milles nautiques au large de la côte somalienne, et à 25 milles au nord de la localité d'Hobyo.

Les pirates ont préféré éloigner leur prise de la côte par crainte d'incidents avec des groupes armés à terre, mais également sous la pression des marines internationales et surtout de leurs hélicoptères et avions qui multiplient les patrouilles dans la zone.

Le groupe est dirigé par un certain Mohammed Abdi qui a demandé une rançon de 5 millions de dollars, a indiqué à l'AFP Ismaïl Haji Noor, responsable de la lutte anti-piraterie pour la province de Galmuduug.

«Il faut donner la priorité à la vie des marins, et écarter les soi-disant négociateurs actuels. Les véritables propriétaires du bateau doivent s'impliquer directement dans les négociations», a commenté M. Noor.

«Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour aider» à leur libération», a ajouté ce responsable local du gouvernement de transition, selon qui le MV Ariana «est le dernier bateau aux mains des pirates sur cette partie de la côte» contrôlée par le gouvernement.

Les pirates somaliens détiennent actuellement six navires et environ 120 marins, selon Ecoterra.

En septembre 2008, un cargo ukrainien, le Faina, qui transportait 33 chars d'assaut T-72 de conception soviétique, avait été intercepté par des pirates au large des côtes somaliennes et libéré le 5 février en échange d'une rançon de 3,2 millions de dollars.