Les leaders politiques malgaches sont entrés dans la dernière ligne droite des négociations jeudi, journée décisive pour parvenir à un consensus à Maputo sur la nomination du président de la transition et du premier ministre.

Les discussions entamées mardi entre l'actuel homme fort de Madagascar Andry Rajoelina, le président évincé Marc Ravalomanana et deux anciens chefs d'État ont permis d'avancer sur la répartition des postes au sein des différentes institutions.

Mais elles achoppent depuis deux jours sur ceux de l'exécutif, selon la médiation et des délégués de différentes mouvances, qui espéraient trouver un consensus jeudi.

MM. Rajoelina et Ravalomanana réclament tout deux le poste de président de la transition, équivalant à celui de chef de l'État. L'ex-opposant désormais au pouvoir veut également conserver celui de premier ministre pour son camp.

«Nous sommes un peu bloqués car nous trouvons logique que notre mouvance (...) dirige la transition», a déclaré à la presse le jeune politicien, âgé de 35 ans, lors de la suspension des pourparlers dans la nuit de mercredi à jeudi.

Mais la position de la délégation Ravalomanana pourrait évoluer si son rival ne réclamait plus le poste de premier ministre pour son camp.

«Si (le premier ministre Monja) Roindefo accepte de libérer la primature pour prendre un autre poste comme celui de vice-premier ministre ou de président du Conseil de la transition (chambre basse du Parlement), alors tout le package est accepté, avec Rajoelina à la présidence», a expliqué à l'AFP le médiateur de l'Union africaine, Ablassé Ouédraogo.

Dans ce «package», la présidence du Conseil de réconciliation, instance morale chargée de guérir les blessures politiques du pays, reviendrait à l'ancien président Albert Zafy.

Un membre de la société civile obtiendrait le Conseil économique et social tandis que le camp Ravalomanana aurait la présidence du Parlement, selon une source proche de la médiation.

L'ex-président Didier Ratsiraka n'a réclamé aucun poste mais souhaiterait obtenir la primature pour une personne de sa mouvance, a-t-elle précisé.

Les quatre hommes avaient signé le 9 août, lors d'une première rencontre à Maputo, un accord sur une période de transition de 15 mois destinée à mettre un terme à la grave crise politique qui affecte Madagascar depuis janvier.

Lâché par l'armée et sous la pression de manifestations qui avaient fait une centaine de morts, M. Ravalomanana avait été contraint de céder le pouvoir le 17 mars à un directoire militaire, qui les avaient remis à M. Rajoelina.

La communauté internationale réclame depuis le retour à l'ordre constitutionnel dans ce pays pauvre de l'océan Indien.

Après plusieurs mois de négociations, la signature de cet accord prévoyant l'instauration d'un nouveau gouvernement de transition composé de 32 ministres et l'organisation d'élections (référendum constitutionnel, scrutins législatif et présidentiel), avait été salué par la communauté internationale.

Mais la répartition des postes-clés restait en suspens. Les participants au deuxième sommet de Maputo étaient sous pression jeudi après la prolongation d'une journée des négociations. L'accord prévoit en effet la mise en place des organes de transition dans un délai de 30 jours après sa signature.

«Quelles que soient les circonstances, on va finir aujourd'hui. Les délégations partent ce soir», a affirmé le médiateur de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), Edem Kodjo.