La disparition du cargo Arctic Sea avec son équipage russe, repéré au large du Cap-Vert et pour lequel une rançon a été demandée en Finlande, suscite désormais une mobilisation internationale qui donne à l'affaire un parfum d'énigme digne du roman d'espionnage.

Deux semaines après le dernier contact officiel avec le bateau, parti de Finlande fin juillet à destination de l'Algérie, une vingtaine de pays sont impliqués dans l'enquête en cours à Helsinki. La marine russe, sur ordre du Kremlin, est de son côté sur les trousses du navire, avec l'appui de l'Otan.

Dans cette affaire ultra-sensible, Moscou et l'Alliance atlantique coordonnent leurs efforts et partagent toutes leurs informations, a déclaré samedi soir l'ambassadeur russe auprès de l'Otan, Dmitri Rogozine.

«Toutes les informations, qui sont complètes et très vraisemblablement objectives, sont instantanément envoyées au quartier général de la marine russe» depuis Bruxelles, où siège l'Otan, a souligné le diplomate, cité par l'agence RIA Novosti.

A Helsinki, le Bureau national d'enquêtes de la police finlandaise, qui a révélé la demande de rançon transmise à l'armateur de l'Arctic Sea, la société finlandaise Sol Chart, «coordonne et centralise les investigations» et tient «en permanence informés plus de vingt pays», selon son directeur, Jan Nyholm.

Selon le Financial Times Deutschland, le montant de la rançon demandée serait de 1,5 million de dollars. Il ne précise pas si l'argent servirait à libérer l'équipage, ou également le navire. «Parmi les observateurs, une telle situation est considéré comme aberrante, en raison de la faiblesse du montant demandé pour ce type d'affaires», a affirmé le site du quotidien.

«C'est un premier signe positif qu'il y a une intention de ramener l'équipage», a toutefois estimé dimanche Mikhail Voitenko, un expert maritime russe interrogé par l'AFP.

Les enquêteurs finlandais ont refusé ce week-end de fournir le moindre détail sur le sort de l'Arctic Sea et son équipage, mettant en avant la nécessité de «ne pas mettre l'enquête en péril», «la sécurité de chacun».

La localisation du vraquier à l'ouest des côtes de l'Afrique, restait toujours floue dimanche.

«Le bateau pourrait se trouver déjà au sud des îles du Cap-Vert, car il progresse toujours à une vitesse estimée entre 15 et 20 noeuds», avait confié samedi soir à l'AFP une source de la hiérarchie militaire cap-verdienne.

Depuis vendredi soir, l'Artic Sea a été repéré au large de l'archipel du Cap-Vert, selon des sources militaires occidentales et au sein des gardes-côtes à Praia. A Paris, un porte-parole du service français d'information des armées a indiqué samedi qu'une frégate russe faisait route dans l'Atlantique, «vers le sud, probablement pour aller à (sa) rencontre».

Moscou a refusé jusqu'à présent de confirmer cette localisation et garde secrètes les informations à sa disposition.

L'Arctic Sea avait quitté la Finlande avec à son bord une cargaison de bois d'une valeur d'un peu plus d'un million d'euros. Il n'a plus donné officiellement de ses nouvelles depuis son passage, fin juillet, au large d'Ouessant (ouest de la France).

Les experts ont échafaudé toutes sortes d'hypothèses autour de sa disparition: nouvelle forme de piraterie, règlement de comptes mafieux, trafic de drogue, différend commercial qui aurait mal tourné...

Avec une semaine de retard, la police suédoise avait fait état le 30 juillet d'un abordage de l'Arctic Sea en mer Baltique la nuit de son départ par des hommes masqués se présentant comme des policiers à la recherche de drogue, qui auraient quitté le navire au bout de quelques heures.

Mais la Commission européenne a fait état vendredi d'une seconde attaque, à une date non précisée, «au large du Portugal», qui n'aurait «rien à voir avec des actes de piraterie traditionnelle ou une attaque armée en pleine mer».