Les leaders malgaches réunis à Maputo ont décidé de mettre en place un gouvernement de transition qui organisera des élections d'ici à fin 2010, mais ne se sont pas entendus dimanche, au dernier jour de leur «sommet», sur l'attribution des postes, sujet qui devrait être discuté mi-août.

Dans la nuit de samedi à dimanche, les quatre chefs de file malgaches, représentant les principales mouvances politiques, ont signé un accord mettant en place une période de transition politique de quinze mois maximum et visant à mettre fin à la crise politique qui affecte la Grande Ile depuis janvier.

La période de transition prend effet à la date de la signature de ce document.

Madagascar est actuellement dirigé par Andry Rajoelina, après le départ forcé en mars, sous la pression de la rue, du président Marc Ravalomanana. Depuis, la communauté internationale réclame le retour à l'ordre constitutionnel dans ce pays de l'océan Indien.

«Maputo est un succès pour les Malgaches. C'est l'intérêt supérieur de la Nation qui a gagné», a déclaré M. Rajoelina, 35 ans, peu après son retour à Madagascar dans l'après-midi.

Les quatre mouvances politiques représentées au «sommet» de Maputo, organisé de mercredi à dimanche, vont participer aux nouvelles institutions de la transition, mais les chefs de file, dont MM. Rajoelina et Ravalomanana, ne sont pas parvenus à s'entendre sur la répartition des postes dans ses organes (président, vice-président, ministres....).

Faute d'accord, la médiation leur a donné rendez-vous «dans une dizaine de jours» toujours dans la capitale mozambicaine, a annoncé à l'AFP l'émissaire de l'ONU pour Madagascar, Tiébilé Dramé.

«Nous n'avons pas discuté du partage des places. Nous n'avons discuté que de l'interêt de Madagascar. Le partage de ces postes n'est pas pour l'instant prioritaire», a expliqué M. Rajoelina.

«Je suis satisfait avec les résultats de la réunion», a déclaré de son côté le président évincé Ravalomanana.

Ce dernier, qui avait été condamné en juin à quatre ans de prison et qui vit en exil depuis son départ forcé du pouvoir, a en effet obtenu l'«annulation des chefs d'accusation» contre lui, ce qui équivaut à une amnistie.

Il s'est en outre engagé à ne pas participer à la transition et à ne rentrer au pays que quand les conditions politiques et sécuritaires lui seront favorables.

Aux termes de l'accord conclu à Maputo, les membres du gouvernement de transition ne pourront pas se présenter aux élections qui seront organisées d'ici à fin 2010, à l'exception du président de la transition.

Le sujet de l'amnistie et du retour de M. Ravalomanana était l'un des principaux points d'achoppement entre les participants au «sommet» de Maputo.

M. Ravalomanana avait été condamné en juin par un tribunal malgache pour «conflits d'intérêts» dans l'achat fin 2008 d'un avion présidentiel qui avait en partie contribué à sa chute.

Le sommet de Maputo a rassemblé pour la première fois les rivaux Rajoelina et Ravalomanana et deux anciens chefs d'Etat malgaches, Didier Ratsiraka et Albert Zafy, qui a également regagné Antananarivo dimanche.

A Antananarivo, des habitants endimanchés se rendant à la messe ont estimé que l'accord de Maputo pouvait mettre un terme à la crise politique.

«Il y a eu beaucoup de concessions de la part des participants. C'est une bonne résolution pour le redémarrage de Madagascar sur le plan social et politique», s'est félicité Michel Andrianirina, 62 ans, qui travaille dans l'enseignement supérieur.