Le ministère marocain de l'Intérieur a ordonné la saisie de deux hebdomadaires indépendants, Tel Quel (francophone) et Nichane (arabophone), sans préciser les raisons de cette décision annoncée samedi dans un communiqué. En réalité, ces magazines sont sanctionnés pour avoir publié un sondage sur les dix premières années du règne du roi Mohammed VI.

Ce sondage, conduit conjointement avec le quotidien français «Le Monde», devrait être publié par ce dernier dans son édition de mardi prochain, mais d'ores et déjà, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Khaled Naciri a fait savoir que ce numéro sera interdit au Maroc.

M. Naciri a déclaré dimanche à l'Associated Press que «n'importe quel organisme de presse, qu'il soit national ou international, aura le même traitement». Et de souligner qu'il «s'agit d'une question de principe qui n'a rien à voir avec les résultats du sondage». ôôCeux qui pratiquent ce sport», a-t-il averti, «savent à l'avance les résultats car ni le roi, ni la monarchie ne peuvent être l'objet de sondages d'opinion».

Le groupe de presse marocain Tel Quel, qui publie les deux magazines indépendants, a condamné dimanche «avec force et énergie la saisie et la destruction de 100.000 exemplaires des magazines».

Selon le groupe de presse, il n'existe au Maroc aucune loi qui interdise ou contraigne les sondages d'opinion. Dans un communiqué, il a estimé que «cette double mesure de saisie est illégale, d'autant plus qu'elle n'a pas été officiellement motivée comme le prévoit la loi, et qu'aucune mesure légale ou réglementaire n'autorise les autorités à détruire les exemplaires des journaux saisis avant une décision de justice».

«Tout en condamnant et dénonçant fermement cette double saisie, le Groupe affirme avec force et conviction qu'il continuera à défendre les idéaux démocratiques, et à présenter chaque semaine à ses lecteurs, selon son credo, «Le Maroc Tel Qu'il est». Le groupe doit organiser une conférence de presse lundi soir à Casablanca.

Les deux publications ont déjà eu par le passé des problèmes avec les autorités. En janvier 2007, pour un dossier sur le rire et la religion ou la politique, l'ex-redacteur en chef de «Nichane», Driss Ksikes, et une journaliste avaient été condamnés à trois ans de prison avec sursis. De plus, «Nichane» a été interdit pendant deux mois et condamné à verser une amende de 80.000 dirhams (7.000 euros).