Plus de 300 personnes ont péri depuis dimanche dans le nord du Nigeria au quatrième jour d'affrontements entre forces de l'ordre et islamistes radicaux.

Mercredi, 43 personnes ont été tuées en une seule journée dans l'état de Yobe, selon des sources policières, près de la localité de Potiskum. «Les 43 dépouilles sont en route vers le commissariat central de Damaturu», la capitale de l'état, a déclaré un policier à l'AFP.

Toutes les victimes se répartissent dans quatre états du nord: Yobe, Bauchi, Borno et Kano, selon les chiffres de la police. Un bilan qui risque de s'alourdir en raison de la poursuite des affrontements en divers endroits, notamment la ville de Maiduguri (capitale de l'État de Borno).

Un correspondant de l'AFP a vu mercredi dix cadavres supplémentaires de «talibans» au commissariat central de la capitale de Borno. La veille il en avait déjà comptés 10 non encore comptabilisés et amenés au même endroit, et trois prisonniers «talibans» être exécutés à bout portant par des soldats près du commissariat.

Les combats à Maiduguri, berceau des «talibans», ont continué à faire rage dans la nuit de mardi à mercredi. La journée a ensuite été ponctuée par le bruit incessant des tirs d'armes automatiques et de mortiers.

Selon des sources policières, les affrontements touchaient cinq quartiers, avec les plus intenses à Bayan où le dirigeant des «talibans», Mohamed Yusuf, et ses hommes seraient retranchés.

Il aurait échappé aux tirs de mortier qui ont démoli sa maison la veille.

«Le temps est à l'action, plus à discuter. Nous bombardons au mortier leurs positions», a indiqué à l'AFP un chef des opérations militaires à Maiduguri, le colonel Ben Ahnatu.

Selon un policier de la ville interrogé par l'AFP, les combats risquent de durer plusieurs jours.

L'AFP a réussi à contacter brièvement par téléphone un chef des «talibans», Aminu Tashen-Ilimi, retranché aux alentours de Maiduguri. «Vous n'entendez pas qu'on nous bombarde! Comment voulez-vous que je vous parle!», dit l'homme dont la voix est couverte par le bruit de détonations et des «Allah ou akbar» (Dieu est le plus grand) hurlés par ses hommes.

La population de la ville est terrorisée. Selon un policier «plus de 3.000 personnes, essentiellement des chrétiens, ont fui le quartier de Bayan et se sont réfugiées dans des casernes».

Dans l'état de Yobe, les heurts se concentraient désormais dans la forêt de Daura, aux environs de Potiskum, où seraient cachés des membres de la secte.

Mardi, avant son départ pour le Brésil, le président Yar'Adua avait affirmé que «d'ici à la fin de la journée, tout serait rentré dans l'ordre» à Maiduguri. La situation est globalement «maîtrisée» dans cette région, avait-il assuré.

Les violences dans le nord du Nigeria avaient éclaté dimanche matin, quand des islamistes «Talibans» -une secte nommée en haoussa «boko haram» («l'éducation occidentale est un péché»)- ont tenté d'attaquer un poste de police dans l'État de Bauchi. Elles se sont ensuite propagées à la région.

Le président, originaire du nord, a décrété lundi l'«alerte totale» et fait dépêcher des renforts.

La secte «Taliban» s'est faite connaître en 2004. Composée essentiellement d'étudiants en rupture d'université, elle comptait alors environ 200 membres. Sa dimension actuelle est inconnue.

À l'instar de l'ancien régime taliban afghan, elle veut un État «islamique pur» dans le nord de la fédération nigériane.

Depuis cinq ans, des affrontements ont eu lieu avec les forces de l'ordre, mais les derniers sont les plus lourds.