Les Bissau-Guinéens ont voté dimanche dans le calme pour élire au second tour un nouveau président entre deux ex-chefs d'Etat, Malam Bacaï Sanha et Kumba Yala.

La participation a connu «une petite amélioration» par rapport au premier tour organisé le 28 juin où le taux était de 60%, a déclaré à la presse le porte-parole de la Commission nationale électorale (CNE), Orlando Viegas, sans donner de chiffre.

«Les informations qui nous sont parvenues indiquent que dans les régions comme Ohio (nord) et Tombali (sud), beaucoup de monde» a voté, a-t-il ajouté.

Le chef de la mission des observateurs de l'Union européenne (UE), Johan Van Hecke, avait plus tôt annoncé, sans donner également de chiffre, une faible participation avec un taux «comparable» et «peut-être même un peu plus bas» qu'au premier tour.

Près de 150 observateurs dont 21 de l'UE étaient déployés dans le pays.

«L'UE fait une projection à partir de quelque 80 bureaux de vote visités alors que la CNE se base sur des informations venant de tout le territoire» de la Guinée-Bissau, a expliqué une source à la CNE pour expliquer la différence de constat entre la Commission et la mission de l'UE.

Ce second tour oppose Malam Bacaï Sanha, candidat du pouvoir à l'opposant Kumba Yala, tous deux ex-chefs d'Etat.

M. Sanha, qui a voté à Bissau, avait obtenu, au premier tour organisé le 28 juin, 39,59% contre 29,42% à M. Yala, qui a voté à Gabu, une ville dans l'Est.

Ce scrutin anticipé est organisé après une série d'assassinats dont celui début mars du président Joao Bernardo Vieira, quelques heures après la mort du chef d'Etat-major de l'armée, le général Batista Tagmé Na Waïe dans un attentat à la bombe à Bissau.

En milieu de journée, le chef d'Etat-major de l'armée, le général Zamora Induta, a d'ailleurs demandé aux deux candidats de «recourir aux instances judiciaires en cas de contestation (électorale) pour éviter de créer des perturbations».

«Nous n'accepterons pas que l'ordre public, la stabilité et la paix interne soient remis en cause», a insisté le général Induta sur la radio publique.

L'armée est très influente en Guinée-Bissau, un pays aux périodes post-électorales généralement chahutées.

L'envoyé spécial de l'Union africaine (UA) en Guinée-Bissau, Joao Miranda, a également lancé un appel «au calme et à l'esprit de fair-play», notamment après les opérations de vote.

«J'ai reçu les deux candidats et tous m'ont affirmé qu'ils feront preuve de civisme et de fair-play à la fin des opérations de vote. Ils m'ont dit que le perdant félicitera le gagnant et qu'il promet de travailler avec lui pour garantir la paix et la stabilité du pays», a déclaré le diplomate angolais.

Au total, 4900 militaires, policiers et gendarmes ont été déployés pour ce scrutin, contre 3600 au premier tour.

Avec cette élection, «j'espère que ce sera la fin de la violence», qui déstabilise ce pays pauvre d'Afrique de l'Ouest depuis plus d'une décennie (guerre civile, tentatives et coups d'Etat, assassinats politiques), a dit le président intérimaire, Raimundo Pereira, après avoir voté à Bissau.

Les premiers résultats provisoires sont attendus dans les prochains jours.