Plusieurs pays occidentaux et africains ont récemment accentué leur collaboration avec Bamako pour lutter contre la branche maghrébine d'Al-Qaïda, qui multiplie les attaques dans le Sahel, essentiellement au Mali et en Mauritanie

Cette aide accrue au Mali, politiquement stable mais classé parmi les pays les plus pauvres du monde, intervient après les assassinats de deux Occidentaux: un otage britannique exécuté fin mai au Mali et un humanitaire américain abattu le 23 juin en plein jour à Nouakchott.

La coopération est d'abord régionale avec l'Algérie et la Libye, les deux grands voisins du nord, influents dans la bande sahélo-saharienne.

Début juillet en Libye, le président malien Amadou Toumani Touré a indiqué avoir discuté la situation qui prévaut dans la bande sahélo-saharienne, avec le guide Mouammar Kadhafi et le président algérien Abdelaziz Bouteflika, en marge du sommet de l'Union africaine (UA).

«Nous avons décidé de mettre en commun nos moyens militaires et de renseignement pour combattre ce problème», a-t-il poursuivi, lors d'un récent entretien avec la presse malienne.

Selon des sources concordantes, une rencontre des états-majors militaires du Mali, de l'Algérie, du Niger et de la Mauritanie, est en préparation pour coordonner les actions. Un sommet sur la sécurité au Sahel, plusieurs fois reporté, est prévu après le référendum constitutionnel du 4 août au Niger. Mais aucune date n'est encore avancée.

Cette lutte contre Al-Qaeda va aussi mobiliser d'ex-rebelles touareg maliens, intégrés dans des «unités spéciales» aux côtés des militaires, qui doivent bientôt être déployés dans le nord du Mali. Ces ex-rebelles connaissent parfaitement le désert du nord du Mali. Coopération croissante, également, avec les pays occidentaux, notamment la France, ancienne puissance coloniale, les États-Unis et l'Espagne. «Pour la paix et la sécurité de la sous-région, nous sommes évidemment engagés aux côtés du Mali», a assuré à l'AFP un diplomate occidental sous couvert d'anonymat.

«En retour, nous avons besoin davantage d'engagements du gouvernement malien sur l'irréversibilité de la lutte contre les terroristes de la bande sahélienne du Sahara», a-t-il ajouté.

Une mission de coopération militaire française a récemment séjourné dans la capitale malienne. Paris a également fourni à Bamako près d'une trentaine de véhicules de transports de troupes, selon le ministère malien de la Défense.

Washington forme périodiquement des soldats maliens à la lutte contre le terrorisme dans le cadre d'un programme lancé au début des années 2000 et englobant plusieurs pays sahéliens.

Une délégation américaine, comprenant plusieurs généraux, a récemment séjourné au Mali et effectué une visite de terrain à Tombouctou (nord-ouest).

«La coopération sécuritaire hispano-malienne va s'élargir au domaine du  renseignement en vue d'accentuer la pression sur les milieux qui alimentent le terrorisme», a pour sa part indiqué lundi le gouvernement malien après la visite à Bamako du ministre espagnol de l'Intérieur Alfredo Perez Rubalcaba.

Pour le sociologue malien Samuel Coulibaly, «le Mali a une situation géographique idéale pour cette lutte coordonnée. C'est un peu la porte d'entrée du désert»