Le principal mouvement armé du sud du Nigeria, le Mend, s'est engagé samedi à saboter le projet de gazoduc trans-saharien conclu entre le Nigeria, le Niger et l'Algérie pour un montant estimé à dix milliards de dollars.

«Tout argent placé dans ce projet sera jeté par les fenêtres, car nous ferons en sorte qu'il subisse un sort identique à celui que subissent aujourd'hui les autres gazoducs», a affirmé un courriel du Mend en référence à ses sabotages des installations pétrolières et gazières du sud du pays.

«Dans les prochaines 72 heures, (l'opération) Hurricane Piper Alpha sera renforcée en (une opération) Hurricane Moses», avertit également le Mend à propos de sa «guerre du pétrole» lancée dans le delta du Niger.

«Le Mend ne fait que vociférer, ils ne peuvent pas réussir», a répondu un porte-parole de la Force mixte police-armée (JTF) du Nigeria, unité spéciale dédiée à la protection des installations pétrolières.

«La JTF protègera et sécurisera toutes les installations de gaz et pétrole et tout les employés de la région», a déclaré à l'AFP le colonel Robe Abubakar.

Vendredi, Nigeria, Niger et Algérie ont signé un accord donnant le coup d'envoi à un projet de gazoduc à travers le Sahara à destination de l'Europe pour un montant estimé de 10 milliards de dollars.

Le futur gazoduc devrait partir du delta du Niger, la zone de production de pétrole et de gaz au sud du Nigeria, et parcourir plus de 4000 kilomètres à travers le Niger et l'Algérie pour alimenter l'Europe en gaz à partir de 2015.

Dans son courriel, le Mend accuse également les forces armées d'avoir enlevé un chef tribal, Isaac Thikan, un opposant au régime, et de le retenir prisonnier depuis le 24 juin dans le sud du pays.

«L'armée n'a jamais enlevé personne, et encore moins un chef tribal. Nous respectons les institutions traditionnelles et ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour les protéger et les préserver», a démenti le porte-parole de la JTF.

Depuis l'apparition du Mend en 2006, la production de brut du Nigeria a chuté de près d'un tiers et plafonne actuellement à 1,8 million de baril/jour contre 2,6 mbj trois ans plus tôt.