Un projet de loi antiterroriste en Ethiopie «viole les droits de l'Homme» et menace l'opposition, a affirmé mardi l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW).

Ce projet «viole les droits de l'Homme» et «pourrait punir discours politiques et manifestations pacifiques comme des actes terroristes et encourager des procès injustes», a estimé un communiqué de l'ONG dont le siège est à New York.

«Cette loi pourrait même éliminer les protections concernant l'utilisation d'aveux obtenus sous la torture», s'alarme HRW.

«Tel qu'il est rédigé, le projet de loi pourrait fournir un nouveau et puissant outil pour supprimer l'opposition politique et les critiques indépendantes de la politique du gouvernement», ajoute le texte, appelant les parlementaires à «amender la loi (...) en accord avec les standards internationaux des droits de l'Homme».

HRW estime que le projet de loi «qui définit de manière très large les actes terroristes, pourrait être utilisé (...) pour imposer de lourdes peines de prison, voire la peine de mort, en cas de détérioration de propriété et de perturbation des services publics».

Cette loi, toujours en débat au parlement, a été présentée par le gouvernement du Premier ministre Meles Zenawi qui souhaite lutter contre le terrorisme, notamment les attentats perpétrés par certains groupes séparatistes.

La semaine dernière au cours d'une conférence de presse, M. Meles avait souligné qu'«aucun objectif politique ne peut justifier le terrorisme. Le terrorisme est inacceptable».

«Les différends politiques doivent être réglés par des moyens politiques. Si l'opposition accepte ce principe, alors l'opposition ne conduira pas au terrorisme et cette loi n'affectera pas les gens qui ont des opinions différentes», avait-il expliqué.

Ces derniers mois, l'Ethiopie a adopté une législation encadrant étroitement les activités des ONG et associations, ainsi que la presse locale, tandis que des opposants sont en exil ou emprisonnés. Les prochaines élections sont prévues pour juin 2010.