La Chine a accordé à Harare une ligne de crédit de près d'un milliard de dollars afin d'aider à redresser l'économie zimbabwéenne en ruine, a annoncé mardi le Premier ministre zimbabwéen Morgan Tsvangirai.

Le gouvernement d'unité nationale s'est vu accorder «une ligne de crédit de la part de la Chine totalisant 950 millions de dollars», a déclaré M. Tsvangirai lors d'une conférence de presse à Harare.

«Il s'agit du prêt le plus important» concédé au gouvernement de coalition entre le parti du président Robert Mugabe et l'ancienne opposition depuis sa mise en place en février, a souligné le Premier ministre.

Le nouveau gouvernement, dont la formation a mis fin à près d'un an d'une crise politique aigüe née de la défaite électorale du régime en mars 2008, peine à rassembler l'aide internationale massive dont il a besoin pour relancer une économie dévastée.

Les donateurs dénoncent les retards dans l'application de certains points de l'accord de partage du pouvoir et des violations persistantes des droits de l'Homme au Zimbabwe.

Mais l'écrasante majorité de la population zimbabwéenne, où 94% des actifs sont au chômage, n'a toujours pas les moyens de se nourrir faute de revenus suffisants. 70% des Zimbabwéens dépendent de l'aide humanitaire.

L'ex-opposant Morgan Tsvangirai vient d'achever une tournée internationale de trois semaines au cours de laquelle il a tenté de convaincre les donateurs de lui faire confiance. Pour relancer l'économie, il estime avoir besoin de 5 à 8 milliards de dollars.

Au cours de cette tournée qui l'a conduit aux Etats-Unis et en Europe, le Premier ministre a réussi à sortir son pays du statut de paria auquel l'avait relégué les exactions du régime Mugabe, au pouvoir depuis l'indépendance en 1980. Mais il n'a pu récolter beaucoup d'aide financière.

Sans compter le crédit chinois, un total de quelque 500 millions de dollars en aide humanitaire et en assistance pour le gouvernement de transition a été réuni, a précisé M. Tsvangirai pendant la conférence de presse.

Il a indiqué comprendre «les frustrations et les inquiétudes» des membres du gouvernement issus de l'ex-opposition, qui ont décidé lundi de boycotter un Conseil des ministres convoqué par le président Mugabe en l'absence du Premier ministre.

«Mon voyage récent a confirmé la volonté de la communauté internationale d'aider le Zimbabwe, mais nous devons commencer par respecter l'accord politique que nous avons conclu», a-t-il affirmé.

De nombreuses nominations clés prévues dans l'accord de partage du pouvoir n'ont toujours pas été effectuées, comme celles des gouverneurs provinciaux, des ambassadeurs, du ministre de la Justice ou du gouverneur de la Banque centrale.