Le président de la Commission de l'Union africaine (UA) Jean Ping a affirmé lundi craindre des «dérapages» au Niger où le président Mamadou Tandja a décidé de modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir, une décision qualifiée par l'opposition de «coup d'État».

«La situation actuelle nous interpelle. Elle nous ferait craindre des dérapages», a affirmé Jean Ping interrogé par RFI sur la décision du président nigérien d'organiser un référendum sur des changements constitutionnels qui lui permettraient de briguer un nouveau mandat présidentiel.

«Lorsque il y a des changements de Constitution, nous regardons s'ils sont conformes à la Constitution elle-même, si la Constitution permet des changements. Ce qui ne semble pas être le cas ici pour les articles concernés», a-t-il observé.

Vendredi soir, le président nigérien, qui veut se maintenir au pouvoir au-delà de la limite légale de deux quinquennats consécutifs en décembre prochain s'est accordé des «pouvoirs exceptionnels», invoquant l'article 53 de la Constitution qui, lorsque «l'indépendance de la République est menacée», permet au de gouverner par le biais d'ordonnances et de décrets.

«Nous avons d'abord le problème de la modification de la Constitution elle-même dans les articles concernés. Tout ceci nous amène à intervenir en utilisant les bons offices, c'est à dire en évitant de faire du bruit pour que la Commission (de l'UA) ne devienne pas une sorte de chien qui aboie pendant que la caravane passe», a déclaré le responsable de l'UA.

Dimanche, le ministre de l'Intérieur Albadé Abouba a annoncé que le référendum sur une nouvelle constitution «aura bien lieu» le 4 août dans ce pays qui se trouve ainsi dans une impasse politique.

L'armée, en dépit d'une histoire riche en coups d'État, a jusqu'à présent adopté une attitude de totale neutralité dans l'actuel bras de fer entre le président et l'opposition.

Un sommet de l'UA doit tenir de mercredi à vendredi à Syrte, en Libye.