Ali Ben Bongo, fils du défunt président gabonais et candidat potentiel à sa succession, s'est engagé mardi à perpétuer l'héritage d'Omar Bongo Ondimba pour «aborder sereinement» l'avenir du Gabon, lors de ses obsèques officielles à Libreville.

 

Rendant hommage à la «philosophie du pardon» et au «dialogue» qui guidaient selon lui l'action du président Bongo, Ali, ministre de la Défense s'exprimant au nom de la famille, a déclaré: «Cet édifice (...) va nous permettre d'aborder sereinement l'avenir des enfants de notre pays».

«Nous, tes enfants, ta famille, prenons l'engagement solennel de garder allumée avec l'aide de nos concitoyens la flamme sacrée de l'harmonie familiale, de la concorde républicaine et de l'unité nationale», a-t-il lancé, essuyant une larme.

Ali Ben Bongo n'a pas évoqué plus directement la question de la succession, publiquement taboue en cette période de deuil mais qui attise déjà les luttes de pouvoir en coulisses.

Plusieurs observateurs attendaient ainsi, avant les obsèques, de voir s'il serait désigné par la famille pour prononcer l'oraison funèbre.

Selon plusieurs sources proches du pouvoir, Ali Ben Bongo souhaite s'imposer comme successeur, suscitant des résistances au sein même du régime.

Le ministre de la Défense, ex-chef de la diplomatie, s'est montré en première ligne depuis le décès de son père, annoncé officiellement le 8 juin. Il est apparu fréquemment à la télévision et s'est montré très présent aux côtés de la présidente intérimaire Rose Francine Rogombé, chargée par la Constitution d'organiser un scrutin présidentiel.

De source proche du parti présidentiel, on a fait état d'un intense bras de fer ces derniers jours entre Ali Ben Bongo et le Premier ministre Jean Eyeghé Ndong pour la gestion de la transition. Ce dernier accuse, selon ces sources, le fils du président de vouloir passer en force sans respecter la Constitution.

Dans ce qui est apparu comme un mise en garde, le chef du gouvernement s'est adressé dans son oraison funèbre au président défunt: «Vous qui avez toujours dit avec force, notamment ces derniers temps: +La Constitution, rien que la Constitution+», a-t-il dit.

Selon Jean Eyeghé Ndong, les Gabonais et notamment les jeunes doivent «rejeter les dissensions, les guéguerres, les luttes effrénées, personnelles ou autres». «L'avenir du Gabon est entre leurs mains (...) Il nous faut l'unité nationale, il nous faut la paix», a-t-il estimé.

Les oraisons funèbres ont conclu la cérémonie officielle, qui devait être suivie par un défilé militaire sur le bord de mer de Libreville, où étaient déjà massées des milliers de personnes.