Anne-Marie Nyirahakizimana, major et médecin de l'ancienne armée rwandaise, a été condamnée mardi à la prison à perpétuité, reconnue coupable de participation au génocide de 1994, a rapporté mercredi la radio publique Radio Rwanda.

Le major, en détention depuis 1995, était jugée par un tribunal populaire gacaca du district de Muhanga, dans la province du Sud. «Après délibération, le jury l'a condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité», la peine la plus lourde au Rwanda après l'abolition de la peine de mort en 2007, a précisé la radio.

Se défendant devant le jury dans la matinée, le médecin-major «avait affirmé que ceux qui l'accusaient voulaient tout simplement sa tête», selon Radio Rwanda.

Elle avait cependant reconnu n'avoir rien fait pour les Tutsi blessés, arguant qu'elle était débordée par les soins dispensés aux blessés militaires. Â Des témoins ont cependant raconté mardi, selon Radio Rwanda, qu'elle avait ordonné à sa garde rapprochée de tuer des Tutsi.

Plusieurs officiers de l'ancienne armée rwandaise ont été condamnés par la justice rwandaise pour leur rôle dans le génocide de 1994, dont le général Laurent Munyakazi qui a également écopé de la prison à vie.

D'autres ont été jugés ou comparaissent encore au Tribunal pénal international pour Rwanda (TPIR), dont le siège se trouve à Arusha, en Tanzanie.

Parmi eux, l'ex-directeur de cabinet au ministère de la Défense, le colonel Théoneste Bagosora qui avait été présenté par le procureur comme «le cerveau» du génocide et qui s'est vu infliger la perpétuité en décembre 2008.

D'avril à juillet 1994, le Rwanda a été le théâtre d'un génocide qui a fait, selon l'ONU, environ 800.000 morts parmi la minorité tutsi et les Hutu modérés.

Les gacacas, juridictions populaires inspirées des anciennes assemblées villageoises, peuvent juger tous les auteurs présumés du génocide, sauf les planificateurs au niveau national qui relèvent des tribunaux conventionnels.