Le président soudanais Omar el-Béchir a inauguré mercredi un vaste programme de transformation de la canne à sucre en éthanol visant à faire du Soudan un chef de file africain des biocarburants.

L'usine du groupe Kenana, située dans l'État du Nil blanc (250 kilomètres au sud de Khartoum), doit produire 65 millions de litres d'éthanol dès cette année et prévoit d'augmenter sa production à 200 millions de litres dans deux ans, ont indiqué les autorités.«Kenana favorisera le développement de l'État du Nil blanc et de tout le Soudan», a déclaré le président soudanais dans un discours retransmis à la télévision nationale.

Casquette verte vissée sur la tête et micros à la main, le président Béchir, qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, s'exprimait devant plusieurs milliers de personnes réunies devant la nouvelle usine.

Le groupe Kenana, propriété du gouvernement soudanais et de fonds arabes, produit déjà du sucre et de la mélasse à partir de la canne à sucre.

La nouvelle usine a été construite par le groupe brésilien Dedini. Le Brésil est le deuxième producteur mondial d'éthanol, derrière les États-Unis, mais le premier exportateur. L'éthanol brésilien est majoritairement produit à partir de la canne à sucre, alors que les États-Unis utilisent principalement du maïs.

La production d'éthanol est minime en Afrique, continent avec un fort potentiel agricole. Un ambitieux projet de production d'éthanol à partir du maïs avait été lancé en 2006 en Afrique du Sud, mais a été freiné par la crise alimentaire, les autorités jugeant que le maïs devait d'abord servir à l'alimentation plutôt qu'à la production d'énergie.

La baisse du cours du baril de pétrole a aussi diminué au cours des derniers mois l'engouement pour l'éthanol, devenu moins compétitif par rapport à l'or noir.

Le président Béchir a inauguré une série de projets - ponts, barrage hydro-électrique notamment - depuis trois mois en «réponse» au mandat d'arrêt de la CPI contre sa personne pour crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour.