Le président gabonais Omar Bongo Ondimba, au pouvoir depuis 41 ans et doyen des chefs d'Etat africains, est mort lundi à l'âge de 73 ans en Espagne, ont annoncé les autorités du Gabon, qui ont décidé la fermeture des frontières et un deuil national de 30 jours.

Omar Bongo, hospitalisé depuis début mai, est mort lundi en début d'après-midi, selon un message du Premier ministre gabonais, Jean Eyeghe Ndong, remis aux journalistes à Barcelone après une journée d'incertitudes.

«C'est à 8h30 que l'équipe médicale m'a informé, ainsi que les officiels et membres de la famille présents, que le président de la République, chef de l'Etat, Omar Bongo Ondimba, venait de rendre l'âme des suites d'un arrêt cardiaque», indiquait ce message.

Selon la Constitution gabonaise, le président du Sénat, actuellement Rose Francine Rogombé, doit assurer la transition jusqu'à un scrutin à programmer au plus tard 45 jours après le constat de la vacance du pouvoir.

A Libreville, le ministère de la Défense, dirigé par Ali Ben Bongo Ondimba, fils du défunt et mentionné comme un des successeurs possibles, a décidé «la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes» du pays.

Appelant la population au «patriotisme», il a également annoncé «la mise en place de toutes les composantes des forces de défense sur tout l'ensemble du territoire» et «la sécurisation des sites et des bâtiments administratifs sensibles».

Après 41 ans de pouvoir sans partage, la succession de M. Bongo s'annonce difficile d'autant qu'il n'a jamais désigné de dauphin.

Soulignant que le président avait «toujours cultivé l'unité et la cohésion des Gabonais pour une paix véritable», M. Eyeghe Ndong a appelé ses concitoyens à «la préserver dans le respect des institutions» et à «rester unis et solidaires dans le recueillement et la dignité».

Dans un communiqué, le président américain, Barack Obama, s'est dit «attristé» par la mort de M. Bongo, en soulignant le «rôle important dans le développement» des fortes relations bilatérales existant aujourd'hui entre le Gabon et les Etats-Unis».

«Le président a systématiquement mis l'accent sur l'importance de la recherche du compromis et des efforts pour la paix, et fait une priorité de la protection des trésors naturels du Gabon», indique M. Obama.

Le président français, Nicolas Sarkozy, a exprimé «beaucoup de tristesse» et assuré que la France était «dans cette épreuve aux cotés du Gabon, de ses institutions et de son peuple».

Plusieurs pays africains ont fait part de leur émotion, en particulier le Congo, le Maroc, la Centrafrique, la Côte d'Ivoire et le Sénégal. Au Tchad le chef de l'Etat, Idriss Deby Itno, a décrété un deuil national de trois jours en hommage à ce «gran ami».

Le président du Venezuela, Hugo Chavez, a quant à lui exprimé sa solidarité au peuple gabonais.

L'incertitude sur l'état du président gabonais avait persisté toute la journée de lundi. Sa mort, annoncée dimanche soir par une source proche du gouvernement français, avait été démentie lundi matin par le Premier ministre gabonais.

Quelques heures plus tard, deux médias espagnols, le journal catalan La Vanguardia et l'agence Europa Press, citant des proches, révélaient sa mort lundi après-midi.

Les autorités gabonaises avaient jusque là soutenu que M. Bongo avait été hospitalisé pour un simple «bilan de santé approfondi et des soins appropriés». D'autres sources l'avaient décrit dans un état «grave», soigné pour un cancer intestinal.

Après l'annonce de son décès dimanche soir depuis la France, M. Eyeghe Ndong avait indiqué que le Gabon allait protester auprès de Paris contre les «dérives répétées de la presse française» sur l'état de santé du président gabonais.

La mairie de Libreville a annoncé lundi la fermeture des débits de boisson, boîtes de nuit, bars et bars-dancing et l'interdiction des attroupements sur les voies et places publiques «jusqu'à nouvel ordre».

Dès le matin on avait noté dans la capitale gabonaise une forte présence militaire et policière, notamment devant la télévision publique.

Jadis considéré comme un petit eldorado pétrolier africain, le Gabon est touché de plein fouet par la crise et vit une importante crise sociale, victime de longues années d'une gestion sans diversification de l'économie et gangrené par la corruption.

Considéré comme un «sage» en Afrique, Omar Bongo était l'un des symboles de la «Françafrique», cette relation complexe entretenue entre Paris et ses ex-colonies d'Afrique, où se mêlent raison d'Etat, lobbies et réseaux politico-affairistes.