Le président gabonais Omar Bongo Ondimba est «bien en vie», a assuré lundi le premier ministre Jean Eyeghe Ndong, démentant une information venue de France, après s'être rendu dans la clinique espagnole où le doyen des chefs d'État africains est hospitalisé.

«Nous avons constaté que le président de la République (...) Omar Bongo Ondimba est bien en vie», a déclaré le premier ministre gabonais, après lui avoir «rendu visite dans la matinée».

Il a précisé qu'il s'était entretenu avec l'équipe médicale de la clinique Quiron, où est hospitalisé le président Bongo, 73 ans depuis début mai, en présence notamment du ministre gabonais des Affaires étrangères, du président de l'Assemblée nationale et de «quelques membres de la famille».

M. Eyeghe Ndong, qui lisait une déclaration, n'a pas commenté l'état de santé de M. Bongo et s'est refusé à répondre aux questions des journalistes.

Une source informée en Espagne suivant de près la situation, consultée lundi matin par l'AFP, a indiqué sous couvert de l'anonymat que le président gabonais était dans un état «grave, voire très grave» et qu'il pourrait être rapatrié sous peu à Libreville par avion médicalisé.

Le président Omar Bongo «n'est pas mort», a ensuite confirmé à l'AFP une source diplomatique espagnole.

Le premier ministre gabonais a souligné que le Gabon allait protester officiellement auprès de la France pour dénoncer les «dérives répétées de la presse française» sur l'état de santé du président Bongo.

«J'ai instruit le ministre des Affaires étrangères, de transmettre par voie diplomatique aux autorités françaises compétentes la protestation du gouvernement gabonais face aux dérives répétées de la presse française, notamment des organes publics», a-t-il déclaré.

Dans la matinée, l'ambassadeur de France à Libreville, Jean-Didier Roisin, a été convoqué au ministère gabonais des Affaires étrangères qui lui a transmis une protestation verbale.

Une source proche du gouvernement français avait annoncé dimanche soir à l'AFP le décès du président Bongo Ondimba, au pouvoir depuis 41 ans, confirmant une information du site Internet de l'hebdomadaire français Le Point.

L'information n'avait pas été confirmée ou démentie officiellement dans la soirée à Libreville et à Paris, ni en Espagne.

«Cette information de la presse française a surpris et étonné le peuple gabonais et les plus hautes autorités de la République. C'est pourquoi (...) j'ai fait une (première) déclaration (dimanche) pour non seulement rassurer le peuple gabonais, car non seulement l'information n'était pas fondée mais aussi pour déplorer cette tendance de la presse française à vouloir semer le trouble dans l'esprit des gabonais, pour des objectifs inavoués», a commenté lundi le premier ministre gabonais.

Selon les autorités gabonaises, M. Bongo Ondimba avait été hospitalisé à Barcelone pour un simple «bilan de santé approfondi et des soins appropriés» début mai. D'autres sources interrogées par l'AFP avaient au contraire indiqué qu'il se trouvait dans un état «grave», soigné pour un cancer intestinal.

La présidence gabonaise avait annoncé le 6 mai que M. Bongo, avait décidé «la suspension momentanée de ses activités» de chef de l'État et que «toutes les audiences présidentielles (seraient) suspendues jusqu'à nouvel ordre».

«Omar Bongo Ondimba n'est pas décédé», a indiqué la présidence gabonaise dans un communiqué publié lundi par le quotidien national L'Union, ajoutant qu'il «poursuit son séjour en Espagne après son check-up (...)» et demandant «au peuple gabonais de garder le calme et de rester vigilant».

À Libreville, la situation était calme lundi matin. On notait toutefois une présence militaire et policière en différents points clés de la ville, notamment devant la télévision publique ou encore sur la voie expresse qui entoure la capitale.

Les communications --en particulier Internet-- étaient perturbées, mais l'activité était normale ou presque et la plupart des magasins ouverts.