La récession économique a entraîné une «crise des droits de l'homme» qui a placé le monde «sur une poudrière d'inégalités, d'injustice et d'insécurité sur le point d'exploser», estime Amnistie internationale dans son rapport annuel publié aujourd'hui.

Dans ce document de plus de 400 pages, Amnistie dresse un sombre bilan des violations des droits humains dans le monde, aggravées par la crise économique, et appelle les dirigeants, notamment ceux du G20, à «investir dans les droits humains avec autant de détermination que dans la croissance économique».

 

«De fait, nous sommes assis sur une poudrière d'inégalités, d'injustice et d'insécurité qui est sur le point d'exploser», écrit dans le préambule Irene Khan, la secrétaire générale de l'organisation, dont le siège est à Londres.

«Ce n'est pas simplement une crise économique, c'est une crise des droits humains», a-t-elle expliqué dans une interview. «Il y a des problèmes sociaux, politiques et économiques qui ont été aggravés par la crise économique, c'est comme une bombe à retardement».

«Ces dernières années, on a vu que les questions de sécurité avaient sapé les droits humains. Aujourd'hui, avec la crise économique, ces droits se retrouvent mis en veilleuse», déplore Mme Khan.

En Afrique, la crise alimentaire a «eu un impact disproportionné sur les populations vulnérables», note le rapport. Elle a entraîné sur tout le continent des manifestations qui ont souvent été durement réprimées, notamment en Tunisie, au Zimbabwe, au Cameroun ou au Mozambique.

L'Europe n'est pas épargnée. Amnistie dénonce notamment l'usage de bombes à sous-munitions et les pillages pendant le conflit entre la Géorgie et la Russie. «Le déclenchement de cette guerre a montré que l'idée d'une sécurité définitivement acquise, dans l'Europe au lendemain de la guerre froide, était un présupposé fragile», souligne le rapport.