Le principal groupe armé du sud du Nigeria a revendiqué jeudi une attaque nocturne contre des bases militaires, la première après son annonce la veille d'un regain de violence et l'appel lancé aux compagnies pétrolières d'évacuer leur personnel de la région.  

L'armée a toutefois démenti ces opérations annoncées par emails à la presse par le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend), qui a averti de l'imminence d'un «ouragan» de violence.

Le Mend, qui indique avoir rencontré une «résistance étonnamment faible», affirme avoir détruit «cinq bateaux armés et plusieurs navires de soutien» appartenant à la force conjointe police-armée (JTF) qui opère dans le delta du Niger.

Cette attaque, ajoute le groupe armé, est intervenue après une offensive militaire contre deux de ses camps.

Mais un porte-parole de la JTF, le colonel Rabe Abubakar, a qualifié ces informations de «propagande».

«Il n'y a pas eu d'attaque, ni d'affrontements à 02H00 du matin comme cela est prétendu, pas plus que de destruction de nos navires armés», a-t-il assuré  à l'AFP.

Le Mend affirme avoir agi en réponse à une «invasion punitive» qui aurait été prévue par l'armée contre des communautés locales.

 «Tous les combattants pour la liberté dans le delta du Niger ont été placés en état d'alerte pour défendre leurs positions et infliger de lourdes pertes à l'industrie pétrolière et à l'économie nigériane», avait-il déclaré dans un communiqué mercredi.

Revendiquant régulièrement depuis trois ans attaques, sabotages et enlèvements, le Mend affirme mener un combat au nom des population locales du delta et en faveur d'une meilleure répartition des bénéfices tirés de l'exploitation des hydrocarbures.

Mercredi, le mouvement avait recommandé aux pétroliers d'«évacuer toutes les installations pétrolières dans le delta du Niger avant l'arrivée imminente d'un ouragan».

Jeudi, le Mend a réitéré son avertissement, mais a prolongé l'échéance initialement fixée à 24 heures.

 «Prenant en compte les appels de certaines compagnies pétrolières, nous prolongeons de 48 heures notre date limite de départ afin de permettre l'évacuation complète de personnel», a indiqué le groupe armé.

 «A compter de 00H00 samedi 16 mai, l'ensemble de la région du delta du Niger sera déclarée zone de non-survol pour les hélicoptères et les avions opérant pour les compagnies pétrolières».

Un porte-parole du géant anglo-néerlandais Shell, Precious Okolobo, joint par l'AFP, a refusé jeudi matin d'indiquer si la compagnie allait prendre des mesures suite à ces menaces.

La plupart des majors ont déjà réduit au minimum leur personnel dans le delta en raison des violences récurrentes depuis 2006. M. Okolobo a également refusé de confirmer si des combats avaient effectivement eu lieu dans la nuit.

A la mi-septembre 2008, le Mend avait déjà déclenché une opération «ouragan Barbarossa» dans le but déclaré d'anéantir la production pétrolière du pays. S'en était suivi à la fin du mois l'annonce par le mouvement d'un cessez-le-feu unilatéral.

Mais le 30 janvier, il avait annoncé la fin de sa trêve, promettant un «ouragan» et menaçant de mener un «assaut de grande envergure». L'annonce n'avait cependant pas été suivie d'une hausse notable de ses attaques.

Les violences qui secouent le delta du Niger ont fait chuter la production de pétrole du pays à environ 1,78 million de barils par jour actuellement contre 2,6 millions en 2006.