Le tribun populaire Jacob Zuma, élu cette semaine président de l'Afrique du Sud, prêtera serment samedi à Pretoria devant 30.000 partisans et une centaine de délégations étrangères, dont des représentants des régimes controversés nord-coréen et soudanais.

M. Zuma, le chef du Congrès national africain (ANC) qui a remporté haut la main les élections législatives du 22 avril, a été élu président mercredi par le Parlement.

Il deviendra officiellement samedi le quatrième chef de l'Etat sud-africain depuis la chute du régime post-apartheid en 1994. L'ANC qui a combattu le régime ségrégationniste, a toujours remporté ces quinze dernières années les élections générales et obtenu la présidence.

M. Zuma, 67 ans, prêtera serment peu après 11H00 (09H00 GMT) dans l'imposant bâtiment de l'Union qui sert de siège au gouvernement et abrite les bureaux de la présidence.

Il s'adressera ensuite à la foule attendue devant ce prestigieux édifice qui domine Pretoria, la capitale administrative.

Une trentaine de chefs de gouvernement ou présidents et un total d'une centaine de délégations étrangères sont attendus pour la cérémonie, selon le ministère des Affaires étrangères.

Parmi les pays invités et confirmés, certains sont particulièrement controversés, comme la Corée du Nord, qui sera représentée par le numéro 2 du régime Kim Yong Nam, et le Soudan, représenté par une délégation gouvernementale alors que le président Omar el-Béchir est sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI).

Est aussi attendu le président zimbabwéen Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1980, qui a plongé son pays dans une crise sans précédent. Des affiches «Mugabe rentre chez toi» ont été placardées à Pretoria peu avant l'investiture.

Cette première liste de personnalités attendues samedi a été publiée alors que Human Rights Watch (HRW) appelait le futur président sud-africain à «mettre les droits humains au coeur de sa politique étrangère», en particulier au Zimbabwe et au Soudan.

Pour l'organisation de défense des droits de l'Homme basée à New York, le mandat de cinq ans de M. Zuma doit permettre de «restaurer la crédibilité de l'Afrique du Sud» qui a «pris position» ces dernières années «pour les pires régimes en matière de violation des droits de l'Homme».

La Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale, a elle choisi d'envoyer à la cérémonie d'investiture son ministre pour l'Afrique, Lord Mark Malloch-Brown, les Etats-Unis leur représentant pour le Commerce, Ron Kirk, et la France sa secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme, Rama Yade.

La présence de Nelson Mandela, le très respecté premier président noir sud-africain aujourd'hui âgé de 90 ans et à la santé chancelante, n'était pas confirmée vendredi.

M. Zuma va prendre ses fonctions après avoir survécu à plusieurs scandales. «Comme la poêle Tefal, chez Zuma rien n'accroche», notait cette semaine le journal The Star. Il a notamment survécu à un procès pour viol et à des années d'enquête pour corruption.

Cet autodidacte polygame, membre de l'ethnie majoritaire zoulou, bénéficie d'un soutien populaire impressionnant.

Il annoncera dimanche la composition de son gouvernement qui devra s'attaquer à deux chantiers prioritaires: la lutte contre la pauvreté et l'amélioration des services publics déficients.

Environ 43% des Sud-africains vivent avec moins de 2 dollars par jour et le chômage frôle les 40%. La tâche s'annonce ardue, car la première puissance économique du continent s'apprête à entrer en récession.