L'est du Tchad était vendredi le théâtre de nouveaux affrontements meurtriers, cinq jours après l'entrée de rebelles tchadiens venus du Soudan et affirmant viser N'Djamena, alors que les condamnations de cette offensive se multipliaient à l'étranger.

De «violents combats» terrestres opposant les troupes de l'Union des forces de la résistance (UFR, alliance de neuf factions rebelles) et les forces gouvernementales ont été engagés «dès les premières heures» du jour près d'Am-Dam (plus de 100 km au sud d'Abéché), selon la rébellion et le gouvernement.

Abéché est la grande ville stratégique de l'est du pays, où se trouvent les sièges des ONG, un aéroport militaire utilisé à la fois par l'armée française et l'armée tchadienne ainsi que le commandement militaire tchadien pour tout l'est du pays. La ville se trouve à quelque 600 km de la capitale.

N'Djamena a affirmé à la télévision publique avoir «neutralisé» dans le secteur de Haouich 60 véhicules de la rébellion. Les rebelles eux, revendiquaient «plusieurs dizaines de morts et blessés» et plusieurs prisonniers faits dans le camp des forces gouvernementales, dans un communiqué reçu par l'AFP à Libreville.

Les rebelles faisaient aussi état de la destruction de plusieurs chars, de «véhicules armés et de ravitaillement» de l'armée, sans fournir de bilan de leur côté.

Aucune source de l'UFR n'avait pu être jointe pour plus de détails.

Rebelles et forces gouvernementales s'étaient déjà affrontés la veille vers la localité d'Am-Deressa, proche d'Am-Dam, utilisant d'importants moyens aériens et terrestres, selon les deux camps qui s'attribuaient cependant chacun l'avantage.

L'état-major de l'armée tchadienne avait annoncé 125 morts parmi les rebelles et 21 parmi les militaires. L'UFR n'a pas communiqué de bilan.

En plus des 146 morts dans les deux camps, les combats de jeudi ont fait 30 blessés parmi les militaires, selon l'armée, qui annonçait aussi la capture de 152 prisonniers, la destruction et la saisie de véhicules des rebelles qui, selon le Tchad, bénéficient du soutien du Soudan.

Le gouvernement avait précisé qu'ils avaient épargné les populations, les combats s'étant déroulés «hors de la ville».

L'est du Tchad abrite quelque 450.000 réfugiés soudanais, centrafricains et des déplacés tchadiens, auxquels de nombreuses organisations apportent une assistance humanitaire. Par mesure de sécurité, certaines agences ont déplacé une majorité de leurs employés et réduit leurs activités.

Entrée le 4 mai dans l'est du Tchad en provenance du Soudan voisin, l'UFR répète qu'elle progressait avec pour «objectif final» N'Djamena, la capitale, où une précédente coalition de rebelles avait pénétré en février 2008, manquant de peu de renverser le président Idriss Deby Itno.

Le gouvernement assure, lui, avoir pris toutes les dispositions pour les contrer.

Le Conseil de sécurité de l'ONU devait consacrer vendredi une réunion à la situation au Tchad, au lendemain de la condamnation de cette nouvelle offensive rebelle par les Etats-Unis et la France.

Washington soutient «la sécurité, la stabilité et l'intégrité territoriale du Tchad», et invite les rebelles «à mettre fin à toutes leurs opérations offensives» et à négocier avec N'Djamena.

Paris se dit «préoccupé par cette violation de l'intégrité territoriale et de la souveraineté du Tchad» par des Tchadiens «appuyés» par le Soudan, «en violation des accords» signés par ces pays voisins, notamment celui du 4 mai au Qatar.

N'Djamena et Khartoum, qui s'accusent de déstabilisation mutuelle par groupes armés interposés, ont paraphé de nombreux accords pour régler leurs différends, tous demeurés jusqu'à présent lettre morte.