Le président soudanais Omar el-Béchir a encore défié mercredi le mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale en effectuant un pèlerinage à La Mecque et confirmé son projet de nationaliser l'aide humanitaire au Darfour après l'expulsion de 13 ONG internationales.

M. Béchir a effectué mercredi une Omra, le petit pèlerinage, à La Mecque, en Arabie saoudite, lors de son retour de Doha, au Qatar, où il assistait depuis dimanche aux sommets des pays de la Ligue arabe et de l'Aspa (Amérique du sud/Pays arabes), ont indiqué des responsables soudanais.

«Il est en Arabie saoudite pour la Omra», le petit pèlerinage, a déclaré à l'AFP au cours de la journée, Majoub Fadel, porte-parole du président soudanais.

Le chef de l'État soudanais n'a pas rencontré le roi Abdallah, un porte-parole du ministère saoudien des Affaires étrangères, interrogé par l'AFP, ayant indiqué que le souverain saoudien s'était rendu à Londres pour le sommet du G20. Il a également qualifié la visite de M. Béchir de privée.

Omar el-Béchir est rentré dans la soirée à Khartoum de son cinquième voyage dans un pays étranger depuis l'émission du mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre lui pour crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour.

Avant l'Arabie et le sommet arabe de Doha, le président soudanais s'était rendu en Erythrée, en Egypte et en Libye.

«Nous sommes allés à ce sommet (arabe) pour montrer à ceux qui pensaient que nous ne pouvions pas voyager, que nous pouvions le faire. Rien ne peut nous intimider et nous arrêter de voyager», a déclaré Omar el-Béchir lors d'une conférence de presse à l'aéroport de Khartoum où l'attendaient plus d'un millier de partisans, selon un journaliste de l'AFP sur place.

M. Béchir a également réaffirmé sa décision de nationaliser l'aide humanitaire au Darfour (ouest) où 2,7 millions de personnes ont été déplacées par la guerre civile depuis 2003, après l'expulsion de 13 ONG internationales annoncée en réponse à la décision de la CPI.

«Dans un an, nous allons ''soudaniser'' toute l'aide sur le terrain et combler les manques dans la distribution alimentaire. Le Croissant rouge soudanais distribue déjà 45% de la nourriture au Darfour. Il n'est pas impossible de distribuer les 55% qui restent», a-t-il lancé.

La plupart des ONG expulsées étaient responsables de la mise en oeuvre de programmes de l'ONU. Leur départ complique notamment la tâche du Programme alimentaire mondial (PAM) qui doit trouver de nouveaux partenaires locaux rapidement afin d'acheminer la nourriture pour mai.

Le nouvel émissaire des États-Unis pour le Soudan, Scott Gration, doit par ailleurs arriver tôt jeudi à Khartoum pour sa première visite officielle au Soudan.

Il doit s'entretenir jeudi avec de hauts responsables du ministère des Affaires étrangères et pourrait éventuellement s'entretenir avec le président el-Béchir, selon des sources locales.

Les États-Unis ont vivement critiqué l'expulsion des ONG du Darfour et appelé le Soudan de revenir sur sa décision.

Le Darfour est en proie depuis 2003 à un conflit complexe à l'origine de 300 000 morts selon l'ONU, seulement 10 000 selon Khartoum.