Au moins 31 partisans du président malgache déchu Marc Ravalomanana ont été blessés dans la dispersion musclée de leur rassemblement samedi à Antananarivo, où ils ont dénoncé pour la sixième journée consécutive la prise de pouvoir d'Andry Rajoelina.

Entre 15 000 et 20 000 personnes, selon l'AFP, se sont rassemblées à la mi-journée sur la «Place de la démocratie», un jardin public baptisé ainsi mi-janvier par l'ex-opposant et actuel président de la Haute autorité de transition, Andry Rajoelina, lors du premier temps fort de son conflit ouvert avec le chef de l'Etat. A l'instar du mouvement de M. Rajoelina, les pro-Ravalomanana ont fait le plein samedi, bénéficiant de la disponibilité des travailleurs et étudiants le week-end.

«Nous avons voulu démontrer de façon éclatante que nous avons notre légitimité. Nous avons mis la pression (...) pour dire: +la crise est encore là, la solution n'est pas cette mascarade d'investiture (de M. Rajoelina). Venez autour d'une table+», a expliqué à l'AFP Raharinaivo Andrianantoandro, le porte-parole du parti de M. Ravalomanana (TIM).

Des représentants de fonctionnaires ont lancé un appel à la grève générale à compter de lundi. Des appels similaires lancés par l'équipe de M. Rajoelina lors de son mouvement de contestation populaire avaient été relativement peu suivis, témoignant de la lassitude d'une partie de la population devant les crises politiques à répétition dans le pays (1975, 1991, 2002).

Les manifestants ont ensuite été appelés à rejoindre la Place du 13-Mai, située à quelques centaines de mètres de distance et qui a accueilli la plupart des rassemblements des partisans de «TGV», le surnom de l'ancien maire de la capitale, M. Rajoelina.

Mais les forces de l'ordre les en ont empêchés, tirant des grenades lacrymogènes.

Cette première salve a eu raison de l'enthousiasme de la grande majorité des manifestants, laissant les forces de l'ordre aux prises avec les partisans les plus véhéments du président.

La police a ensuite procédé à des tirs de sommation très nourris, a constaté un journaliste de l'AFP.

A 17H30, le principal hôpital de la ville avait admis 31 blessés, la plupart victimes de bousculades, mais plusieurs d'entre eux étaient touchés par balle et deux se trouvaient en réanimation, a indiqué sur place à l'AFP une source hospitalière ayant requis l'anonymat.

«Aujourd'hui, la démocratie est bafouée», a regretté M. Andrianantoandro.

L'ex-président, qui était silencieux depuis sa démission forcée le 17 mars, a adressé mercredi pour la première fois un message à ses partisans dans lequel il qualifie de «coup d'Etat» la prise de pouvoir d'Andry Rajoelina.

M. Ravalomanana a gagné l'Afrique du sud jeudi depuis Mbabane, capitale du Swaziland, qui accueillera le 30 mars un sommet de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) - dont Madagascar est l'un des pays membres - et qui doit décider de sanctions à l'encontre du régime de M. Rajoelina.

Lâché par l'armée, il a été contraint de démissionner le 17 mars en transférant les pleins pouvoirs à un directoire militaire, qui les a ensuite remis à M. Rajoelina. La Haute Cour constitutionnelle a depuis validé ce transfert des pouvoirs.

La crise politique dans la Grande-Ile a fait plus d'une centaine de morts depuis fin janvier, et paralyse le pays notamment au niveau économique.