Le président français Nicolas Sarkozy se rend en fin de semaine à Kinshasa, Brazzaville et Niamey pour une visite qui se veut un exemple des liens rénovés voulus avec le continent noir et au cours de laquelle il espère apporter sa pierre à la stabilisation de la région des Grands Lacs.

Ce déplacement est dans la continuité du nouveau «modèle de relations» franco-africaines que le chef de l'Etat avait appelé de ses voeux lors d'un discours en Afrique du Sud en février 2008.

Malgré cette volonté, la rupture annoncée avec la «Françafrique» reste balbutiante et marquée par de possibles malentendus, comme celui suscité par l'initiative de paix française dévoilée en janvier et suggérant un «partage des richesses» entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda.

Au cours de la première étape de sa mini-tournée, jeudi en RDC, Nicolas Sarkozy devrait s'employer à clarifier sa position auprès de son homologue Joseph Kabila puis devant son Parlement.

Kinshasa avait vu dans l'initiative française une tentative d'amputer le territoire de l'ex-Zaïre et avait contraint Paris à réduire ses ambitions. Il n'est plus aujourd'hui question d'une exploitation conjointe des ressources minières des provinces du Kivu (est) mais de coopérations «pratiques» bien plus modestes.

«Il n'y a pas de plan français, simplement la volonté d'apporter de nouvelles idées», assure-t-on à l'Elysée en niant tout lien entre la démarche du président et ses tentatives de normalisation avec le Rwanda. «Cette idée de marchandage honteux n'a aucun sens», selon la même source.

La deuxième étape de Nicolas Sarkozy, sur l'autre rive du fleuve Congo, s'annonce tout aussi délicate. La France veut absolument éviter que cette «visite d'amitié», à quelques mois d'une élection présidentielle, passe pour un soutien déguisé au maître du Congo, Denis Sassou Nguesso.

«Le président se rendant à Kinshasa, il eut été malvenu et inamical de tourner le dos à Brazzaville», fait-on remarquer à l'Elysée, «quand bien même le calendrier politique local ne nous sert pas».

Après les contestations qui ont entaché les derniers scrutins congolais, le président français rappellera à ses hôtes «l'importance d'une élection honorable», rencontrera les adversaires politiques du régime et devrait insister, devant le Parlement, sur la bonne gouvernance.

Dans un pays dénoncé pour la mauvaise utilisation de ses ressources pétrolières et dont le président est lui-même accusé d'en avoir profité pour acquérir des propriétés immobilières en France, le message de Nicolas Sarkozy est attendu avec intérêt, tant par l'opposition que par la société civile.

Après une nuit dans l'ex-capitale de la France libre, Nicolas Sarkozy mettra vendredi le cap sur le Niger. Pendant cet arrêt de quelques heures, il sera question de démocratie, à quelques mois de la fin prévue du dernier mandat du président Mamadou Tandja, mais surtout d'uranium.

Le numéro un mondial du nucléaire Areva vient de signer un contrat pour l'exploitation de la mine géante d'Imouraren, dans le nord du pays. Pour casser l'image d'une France «prédatrice», le chef de l'Etat participera, avec la PDG du groupe français Anne Lauvergeon, à une réunion de la section locale de l'Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE).

«L'idée est de montrer que, si la France a des intérêts économiques au Niger, ils bénéficient le plus possible au développement du pays et de sa population», fait valoir l'Elysée.