Le nouveau président de Madagascar Andry Rajoelina a annoncé jeudi «la suspension des activités de l'Assemblée nationale et du Sénat», 48 heures après la démission forcée de son prédécesseur Marc Ravalomanana.

Les pouvoirs du Parlement, largement dominé par les partisans de M. Ravalomanana, seront exercés par deux nouvelles institutions - une «Haute autorité pour la transition» et un «Conseil pour le redressement économique et social» - ainsi que par le gouvernement, a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement, Augustin Andriamananoro, à l'issue du premier conseil des ministres présidé par M. Rajoelina.

La «Haute autorité pour la transition est garante du fonctionnement régulier des institutions et de la démocratie durant la période transitoire qui ne peut excéder 24 mois», a ajouté le porte-parole.

Le cabinet de M. Rajoelina est encore incomplet et compte pour l'instant 12 membres. Parmi les postes vacants figure notamment la Défense.

Avant le début du conseil, tenu dans les bureaux de la présidence dans le centre d'Antananarivo, le Premier ministre de transition, Monja Roindefo, avait déclaré à l'AFP que «la priorité était la mise en place de la transition et la sécurité publique».

La Haute Cour constitutionnelle de Madagascar a officiellement entériné mercredi l'accession au pouvoir de M. Rajoelina. Auparavant elle avait validé l'ordonnance par laquelle le président Ravalomanana, lâché par l'armée, a démissionné mardi en transférant les pleins pouvoirs à un directoire militaire, qui les a ensuite remis au chef de l'opposition.

Brièvement interrogé par la presse alors qu'il raccompagnait le nouvel ambassadeur de France à Madagascar, Jean-Marc Châtaigner, venu «en visite de courtoisie», M. Rajoelina a estimé que la question de la reconnaissance de son pouvoir par la communauté internationale ne se posait plus.

«La question n'est plus la reconnaissance, mais la façon dont nous allons diriger la transition», a-t-il déclaré.

Son Premier ministre, Monja Roindefo, s'est également montré confiant sur le maintien de la coopération avec les bailleurs de fonds pour le développement, vitale pour l'un des pays les plus pauvres de la planète.

«Sincèrement, je ne vois pas pourquoi ils (les bailleurs) arrêteraient les relations (avec Madagascar), s'ils n'ont pas arrêté malgré la gouvernance de Ravalomanana», a expliqué à l'AFP M. Roindefo.

M. Ravalomanana était accusé par l'opposition de confondre ses intérêts privés avec ceux de l'Etat.

De fait, la France, ancienne puissance coloniale et premier bailleur bilatéral de Madagascar, a indiqué mercredi qu'elle «continuera naturellement d'aider la population malgache et poursuivra sa politique de coopération», tout en jugeant «trop long» le délai de 24 mois pour organiser de nouvelles élections.

«Le délai annoncé de 24 mois pour l'organisation de nouvelles élections est trop long», a souligné le porte-parole du Quai d'Orsay, Eric Chevallier, dans une déclaration à la presse: «dans ce type de situation exceptionnelle, la communauté internationale souhaite que la démocratie puisse s'exprimer le plus rapidement possible».

L'ONU a elle affirmé que «la légalité de la situation (à Madagascar) n'est pas quelque chose que nous pouvons déterminer», a déclaré sa porte-parole, Michèle Montas.

L'organe de sécurité de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), dont Madagascar est membre, devait «discuter» jeudi de la situation à Antananarivo, tandis que l'Union africaine (UA) a reporté à vendredi une réunion initialement prévue jeudi sur la crise.