Le chef de l'opposition malgache, Andry Rajoelina, a demandé lundi aux forces de l'ordre d'arrêter «sans retard» le président Marc Ravalomanana qui, retranché dans son palais, a perdu le soutien d'éléments de la garde présidentielle ayant fait défection.

L'Union africaine (UA) tenait elle lundi à son siège d'Addis Abeba une réunion d'urgence de son Conseil de paix et sécurité sur la crise malgache.

«La position de l'UA a déjà été annoncée à plusieurs reprises: il s'agit de rejeter toute forme de changement anticonstitutionnel de pouvoir», a indiqué à l'AFP un responsable du Département paix et sécurité de l'UA, à l'ouverture des débats qui se tiennent à huis clos.

«Je demande aux forces de l'ordre d'exécuter sans retard les mesures de la ministre» de la Justice du gouvernement de transition nommé par l'opposition, a déclaré M. Rajoelina, encadré de militaires devant plusieurs milliers de partisans rassemblés place du 13-Mai, au centre de la capitale.

S'exprimant juste avant Andry Rajoelina, sa «ministre de la Justice», Christine Razanamahasoa, avait déclaré qu'un mandat d'arrêt pour «haute trahison» était lancé contre M. Ravalomanana. «Les procureurs du territoire et les forces de l'ordre sont destinataires du mandat d'arrêt», avait-elle affirmé.

Interrogé par l'AFP, le commandant de la gendarmerie, le général Gilbain Pily, a déclaré n'avoir «pas encore été informé» d'un mandat d'arrêt, sans donner plus de détails.

De son côté, le chef d'état-major de l'armée, le colonel André Andriarijaona, a estimé que l'exécution de ce mandat d'arrêt «était du ressort de la gendarmerie et de la police» et non de l'armée.

Plus tôt lundi, l'opposant avait déclaré à la presse refuser un référendum pour régler la crise, comme proposé par le chef de l'Etat.

«Il n'y aura pas de référendum et nous allons mettre en place le gouvernement de transition», a-t-il réaffirmé, ajoutant: «c'est le peuple qui donne le pouvoir et c'est le peuple qui le reprend. Le président Ravalomanana n'est plus capable de présider le pays».

S'adressant dimanche à 5.000 de ses partisans, M. Ravalomanana avait affirmé qu'il était prêt à organiser «un référendum si c'est nécessaire» pour régler la crise.

M. Rajoelina veut contraindre le chef de l'Etat à la démission et lui a adressé samedi un ultimatum pour quitter le pouvoir. Ce dernier - retranché dans son palais situé à une douzaine de kilomètres du centre-ville - refuse cette éventualité.

Alors que les forces de sécurité (armée, gendarmerie, police) soutiennent de facto l'oppposition et que des militaires protègent Andry «TGV» depuis samedi, des soldats de la garde présidentielle ont fait défection, a déclaré lundi le chef d'état-major de la gendarmerie, le général Gilbain Pily.

«Des membres de la garde ont réintégré de leur plein gré leurs unités de formation dans la gendarmerie, la police ou l'armée», a déclaré le commandant de la gendarmerie, ajoutant: «une vingtaine d'éléments d'escorte de la garde ont rejoint la gendarmerie».

Les effectifs de la garde présidentielle sont estimés à environ 500 hommes.

Dans un communiqué dimanche soir, la présidence avait affirmé que «toute la garde présidentielle est présente et bien renforcée à Iavoloha et au palais présidentiel».

Plus d'une centaine de personnes sont mortes dans des violences à Madagascar depuis le début de la crise le 26 janvier.