Des milliers de Zimbabwéens ont rendu hommage mardi à Susan Tsvangirai, l'épouse du Premier ministre tuée la semaine dernière dans une collision qualifiée d'accident par le président Robert Mugabe qui a évoqué de manière fataliste «la main de Dieu».

«Je vous demande de l'accepter, c'est la main de Dieu», a déclaré le chef de l'Etat lors d'une cérémonie dans une église méthodiste de Harare, trop petite pour contenir toute l'assistance.

«Cela va lui (M. Tsvangirai) prendre du temps pour s'en remettre (...) Nous sommes dans une situation difficile. Notre collègue a perdu sa femme», a-t-il poursuivi. «Nous sommes de tout coeur avec vous», a assuré M. Mugabe, 85 ans et au pouvoir depuis 1980.

Vêtu d'un costume noir et de lunettes de soleil, le nouveau Premier ministre, légèrement blessé dans l'accident, n'a pas souhaité s'exprimer devant ses partisans, les membres du parti du chef de l'Etat et des diplomates.

Il a cependant, à l'instar de son ancien rival Mugabe et de la Grande-Bretagne, exclu la veille toute tentative d'assassinat. «C'est un accident et malheureusement elle en est morte», a déclaré à ses proches l'ancien opposant, qui a été l'objet de plusieurs tentatives d'assassinat par le passé.

Après avoir subi des examens médicaux au Botswana, il est rentré lundi à Harare pour préparer avec ses six enfants les obsèques de sa femme, prévues mercredi matin à Buhera, leur ville natale au sud de Harare.

«Je veux remercier Dieu pour m'avoir accordé de vivre 31 ans avec ma femme (...) je sais que cela va être difficile sans elle», a-t-il dit à son retour.

Le corps de Susan reposait mardi à leur domicile dans la capitale zimbabwéenne tandis qu'environ 10.000 personnes s'étaient rassemblées pour honorer sa mémoire dans le stade où M. Tsvangirai avait été acclamé le 11 février après sa prestation de serment comme Premier ministre.

Vendredi en fin d'après-midi, l'ex-syndicaliste avait été légèrement blessé dans une collision avec un camion d'aide américano-britannique alors qu'il se rendait à bord de son 4X4 de Harare à Buhera pour assister à un meeting.

Son épouse, très discrète, avait été tuée dans l'accident. Agée de 50 ans, elle ne prenait pas part à la vie politique mais avait fondé une organisation caritative pour notamment informer les femmes sur le sida.

Ce drame, survenu trois semaines jour pour jour après la formation d'un gouvernement d'union, a suscité de nouvelles inquiétudes sur la pérennité de cette coalition.

Le fragile accord, censé mettre fin à l'impasse politique née de la défaite historique du régime il y a un an, a déjà été ébranlé par l'arrestation le 13 février de Roy Bennett, un proche de M. Tsvangirai, toujours en détention.

Une mission du Fonds monétaire international (FMI), qui avait suspendu fin 2006 ses opérations au Zimbabwe, s'est cependant dite prête à «immédiatement» aider le nouveau gouvernement, selon le ministre de l'Economie Elton Mangoma cité mardi dans le journal The Herald.

Le Zimbabwe, autrefois fleuron régional, a désespérément besoin d'une aide financière pour contrer l'hyperinflation qui se chiffre en milliards pour cent, un taux de chômage de 94% et une production au point mort.

Une crise humanitaire s'est développée sur ce terreau avec une épidémie de choléra ayant fait plus de 4.000 morts depuis août, et plus de la moitié de la population dépend d'une aide alimentaire pour survivre.