Le chef de la délégation soudanaise auprès de l'Union africaine a demandé jeudi aux Etats africains de quitter la Cour pénale internationale (CPI), au cours d'une réunion du Conseil de paix et de sécurité de l'organisation continentale, à Addis Abeba.

L'ambassadeur soudanais Mohieldin Ahmed Salim a «appelé les Etats membres amis à se retirer du statut de Rome», le texte fondateur de la CPI, dans son discours prononcé devant les 15 Etats membres du CPS et dont l'AFP a obtenu une copie.

Il a également demandé au Conseil «de publier une décision claire et de rejeter dans les termes les plus forts la décision de la CPI». Il a appelé de ses voeux l'organisation d'un sommet d'urgence sur cette question au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA.

Le président soudanais Omar el-Béchir, 65 ans, est depuis mercredi sous le coup d'un mandat d'arrêt de la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour. Cette région de l'ouest du Soudan est déchirée depuis 2003 par une guerre civile qui a fait 300 000 morts selon l'ONU, 10 000 selon Khartoum.

Au cours d'une conférence de presse après sa présentation devant le CPS, M. Mohieldin a estimé que le président Béchir ne serait pas affecté par le mandat d'arrêt «qui ne signifie rien pour nous», a-t-il dit. Le Soudan n'est pas signataire du statut de Rome.

«Le président el-Béchir est le président de tout le Soudan et personne sur terre, la CPI ou le Conseil de sécurité (des Nations unies), aucune puissance ne peut le chasser du pouvoir. Seuls les Soudanais le peuvent», a-t-il martelé.

Interrogé sur les attentes du Soudan par rapport au CPS, M. Mohieldin a déclaré: «Nous sommes confiant que notre continent ne nous trahira pas. Ce cas n'est pas (seulement) celui du Soudan, c'est maintenant le cas de l'Afrique».

Concernant de possibles représailles contre la force conjointe UA-ONU déployée au Darfour (Unamid), «nous avons assuré nos frères ici qu'aucun mal n'arrivera à nos frères soldats d'Afrique ou du Moyen-Orient ou d'ailleurs. Nous mènerons tous les efforts pour les protéger».

«Il s'agit d'une question politique, non pas militaire. Il n'y a pas de raison que l'armée soit impliquée dans cela. L'Unamid ne craint rien et est autorisée à poursuivre ses missions et opérations au Darfour», a précisé l'ambassadeur adjoint du Soudan, Akwei Bona Malwal.