Le gouvernement soudanais est obligé d'exécuter le mandat d'arrêt contre le président Omar el-Béchir émis mercredi par la Cour pénale internationale (CPI), a déclaré le procureur Luis Moreno-Ocampo.

«Le gouvernement soudanais est obligé par le droit international d'exécuter le mandat d'arrêt sur son territoire», a affirmé M. Moreno-Ocampo, lors d'une conférence de presse dans les locaux de la cour à La Haye.

Si le gouvernement soudanais n'agit pas, «le Conseil de sécurité de l'ONU devra faire en sorte qu'il obéisse» au mandat d'arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis au Darfour depuis mars 2003, a ajouté le procureur.

«Il n'y a pas d'immunité pour Omar el-Béchir devant la Cour pénale internationale. Dès qu'il voyagera dans l'espace aérien international, il pourra être arrêté», a-t-il ajouté.

«Comme Slobodan Milosevic ou Charles Taylor, le destin d'Omar el-Béchir est d'être jugé. Cela sera dans deux mois ou deux ans, mais el-Béchir devra affronter la justice», a affirmé le procureur argentin.

L'arrestation de M. Béchir «est nécessaire pour l'empêcher de détruire des preuves et de commettre de nouveaux crimes», a précisé le procureur, ajoutant que «ses droits seront respectés».

La porte-parole de la CPI, Laurence Blairon, avait indiqué auparavant que la CPI avait émis un mandat d'arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour contre M. Béchir. La CPI n'a en revanche pas retenu le chef d'accusation de génocide demandé par le procureur.

M. Moreno-Ocampo a précisé qu'il devait étudier la décision des juges avant de décider s'il allait faire appel sur ce point.

Il s'agit du premier mandat d'arrêt contre un chef d'Etat lancé par la CPI, en fonction depuis 2002.

Omar el-Béchir, 65 ans, est poursuivi pour des crimes commis au Darfour, une région de l'ouest du Soudan déchirée depuis 2003 par une guerre civile qui a fait 300.000 morts et 2,7 millions de déplacés selon l'ONU. Khartoum parle de 10.000 morts.