Le gouvernement soudanais et le groupe rebelle le plus actif du Darfour sont parvenus à Doha à un accord sur une déclaration d'intention qu'ils signeront mardi, a annoncé lundi le Premier ministre qatari Hamad ben Jassem Al-Thani.

«Il y a eu de grands progrès (...) et nous avons en main un accord», a déclaré aux journalistes cheikh Hamad, dont le pays accueille depuis mardi dernier des pourparlers entre des délégations du gouvernement et du Mouvement pour la Justice et l'égalité (JEM).

«Le contenu de l'accord, qui sera signé demain (mardi), a obtenu l'assentiment de toutes les (autres) parties», a-t-il ajouté en référence aux parrains des pourparlers de Doha. Une cérémonie officielle est prévue en milieu de matinée.

Ces pourparlers en vue de trouver un règlement du conflit au Darfour, une vaste région de l'ouest du Soudan en guerre civile depuis 2003, sont sponsorisés par le Qatar, l'ONU, l'Union africaine et la Ligue arabe.

L'accord, prévoyant des mesures de confiance entre Khartoum et le JEM, est censé préparer des négociations sur un accord-cadre en vue d'une conférence de paix au Darfour.

«Nous espérons lancer dans deux semaines ces négociations sur, entre autres, un cessez-le-feu et les questions relatives à l'échange de prisonniers», a dit cheikh Hamad, également ministre des Affaires étrangères.

Il a évoqué un élargissement du cadre des négociations à d'autres parties. «D'autres parties au Soudan doivent être impliquées», a-t-il déclaré sans autre détail.

Quelques heures plus tôt, des responsables des négociateurs gouvernementaux et rebelles ont fait état d'accord sur le principe d'un échange de prisonniers, un dossier qui constituait un obstacle à l'accord-cadre souhaité.

«Les deux parties se sont engagées sur le principe d'un échange de prisonniers, à libérer par groupes successifs d'ici le lancement de négociations sur un accord-cadre pour la paix au Darfour», a déclaré Tahar el-Fakih, membre de la délégation de la JEM, cité par l'agence qatarie QNA.

Amin Hassan Omar, membre de la délégation gouvernementale, cité aussi par QNA, a confirmé que «sur le principe (...), il y a un engagement à libérer les prisonniers et les détenus pour des affaires liées au conflit au Darfour».

Khalil Ibrahim, leader du JEM, et Nafie Ali Nafie, assistant du président Omar el-Béchir, se sont longuement réunis dans la journée en présence du ministre d'Etat qatari aux Affaires étrangères, Ahmed Ben Abdallah al-Mahmoud, et du médiateur de l'ONU/UA au Darfour, Djibril Bassolé.

Samedi, un porte-parole de la JEM, Ahmed Hussein Adam, avait annoncé comme imminente une déclaration d'intention, qui n'avait finalement pas eu lieu. «Ce document exige principalement la fin des violations contre les camps de déplacés et la fin des bombardements contre les civils, ainsi qu'un échange de prisonniers», avait-il dit.

Le JEM, qui n'avait pas signé l'accord de paix de 2006 -que seule une des multiples factions rebelles du Darfour avait accepté-, avait lancé en mai 2008 un assaut d'une ampleur sans précédent contre la capitale soudanaise.

La guerre civile au Darfour a fait 300 000 morts et 2,7 millions de déplacés depuis 2003 selon l'ONU. Khartoum chiffre à 10 000 le nombre de morts.