Le président du Zimbabwe Robert Mugabe et son épouse Grace, dont le pays connaît une gravissime crise économique, ont acheté en secret une propriété de 4 millions de livres à Hong Kong, affirme dimanche le journal britannique Sunday Times.

Cette luxueuse villa est située dans un complexe résidentiel de Hong Kong, dans le district de Tai Po, indique le journal, qui a mené une vaste enquête sur les intérêts financiers des époux Mugabe en Asie.

Protégés des regards derrière de hauts murs d'enceinte sur une colline verdoyante du nord de Hong Kong, ses heureux résidents peuvent y profiter de vastes jardins, d'un club house et d'une piscine.

D'une valeur de 4 millions de livres (4,5 millions d'euros), la maison a été acquise en juin 2008 par un intermédiaire, Hsieh Ping-Sung (surnommé «Jack» par Mme Mugabe), détenteur d'un passeport sud-africain, au nom d'une société écran, Cross Global, précise le Sunday Times.

Il s'agit de la première propriété des Mugabe identifiée en Asie du Sud-Est, où le couple présidentiel a l'habitude de passer de luxueuses vacances dans les plus grands hôtels de la région, selon le journal britannique, qui ne cite aucune de ses sources.

Mme Mugabe aurait dépensé pour 55 000 livres de statuettes de marbre lors d'un séjour au Vietnam, ou 8 700 livres en achats de sacs à main, selon le journal.

Le couple présidentiel a tissé au cours de ses voyages un important réseau financier dans plusieurs pays d'Asie du Sud-Est: à Hong Kong, Singapour, en Malaisie, au Vietnam et en Thaïlande, affirme encore le Sunday Times.

Mme Mugabe travaillerait également à la création d'une société privée, basée à Hong Kong et spécialisée dans le diamant, avec un centre de taille des gemmes à Qingdao, sur la côté est chinoise, toujours d'après le journal.

Le dernier voyage de Grace Mugabe à Hong Kong en janvier avait notamment pour but de préparer un éventuel exil pour le chef de l'Etat zimbabwéen et ses proches, affirme l'hebdomadaire britannique, faisant état de millions de dollars détournés vers des banques asiatiques.

Deux journalistes du Sunday Times ont été agressés vendredi alors qu'ils travaillaient sur cette enquête, a indiqué dimanche l'un deux à l'AFP, le photographe Tim O'Rourke.

Tous deux s'étaient rendus à la villa des Mugabe pour y remettre un courrier au nom de leur journal. Ils y ont été reçus par deux hommes et une femme noirs, qui les ont agressés au moment M. O'Rourke a commencé à prendre des photos.

Une plainte a été déposée auprès de la police de Hong Kong, qui a entendu les trois occupants de la villa.

Dirigé d'une main de fer depuis l'indépendance en 1980 par le président Mugabe (85 ans fin février), le Zimbabwe, ancienne colonie britannique, connaît une crise politique, économique et humanitaire sans précédent.

L'hyperinflation se chiffre en milliards de pour cent et l'appareil de production est en ruines. Plus de la moitié de la population survit grâce à l'aide alimentaire venue de l'étranger.

Le chômage frappe 94% des adultes et une épidémie de choléra, qui se propage sur les ruines des systèmes d'eau et d'assainissement, a fait plus de 3.500 morts depuis août.