Les Nations Unies se sont alarmées vendredi du nombre croissant de victimes du choléra recensées dans des zones rurales du Zimbabwe faute de soin, indiquant que les campagnes de prévention de l'épidémie «ne marchaient pas».

«On remarque une hausse de la mortalité hors du système de santé, des gens dans leur maison, notamment à la campagne», a déclaré Elisabeth Byrs, porte-parole de l'agence de l'ONU pour l'aide humanitaire d'urgence (OCHA), selon laquelle le dernier bilan fait état de 2.201 morts et de 41.986 personnes infectées.

Le précédent bilan, établi mercredi, de cette épidémie qui a commencé en août, faisait état d'au moins 2.106 morts pour un total de 40.448 cas suspects diagnostiqués.

Plus de la moitié des victimes concerne désormais des gens retrouvés morts chez eux dans des régions rurales, s'est inquiété OCHA, qui estime que 87% des districts du pays sont affectés par l'épidémie.

«C'est ce qui nous inquiète, ce sont ces 51% de morts (...) dans des communautés» rurales, a déclaré Mme Byrs, «ce qui prouve que les résultats que nous espérions des campagnes de prévention et de distribution de matériel (...) ne se font pas sentir», a-t-elle poursuivi.

Pour l'ONU, le problème réside dans «l'effondrement des structures sociales et économiques» du pays, qui empêche les gens d'accéder à de l'eau potable. «Le manque d'hygiène engendre un cycle d'infection et de réinfection», a relevé Mme Byrs, «surtout a la campagne».

Quant aux personnels de santé du système public, ils demeurent insuffisamment payés et ont besoin d'un soutien financier pour poursuivre leur activité, a-t-elle ajouté.

Autre problème pour OCHA, la plupart des camions disponibles dans le pays sont réquisitionnés dans le cadre d'une vaste opération de distribution de nourriture destinée à six millions de personnes, ce qui retarde d'autant l'acheminement de l'aide médicale.

Or, la bureaucratie bloque l'importation de véhicules supplémentaires dont OCHA a pourtant un «besoin urgent» pour compenser ce manque.

Pour ajouter à l'inquiétude, OCHA redoute que la saison cyclonique, imminente, n'aggrave l'épidémie, qui se propage par les eaux souillées.

Le gouvernement du Zimbabwe a diffusé des messages d'alerte alors que le niveau des cours d'eau monte, a indiqué l'agence onusienne.