Le leader de l'opposition au Zimbabwe Morgan Tsvangirai a annoncé jeudi qu'il rencontrerait prochainement le président Robert Mugabe pour tenter de sauver un accord de partage du pouvoir, dans l'impasse depuis sa signature mi-septembre.

Leur réunion aura lieu «dans la semaine qui vient» sous l'égide du président sud-africain Kgalema Motlanthe, également à la tête du bloc régional d'Afrique austral (SADC), a précisé le chef du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) lors d'une conférence de presse à Johannesburg.

M. Tsvangirai a réaffirmé, jusqu'à un certain point, son soutien dans l'accord de partage du pouvoir, signé le 15 septembre avec Robert Mugabe mais resté lettre morte en raison notamment de désaccords sur la répartition des ministères clés au sein du futur gouvernement d'union.

«Un accord politique reste le meilleur moyen d'empêcher le Zimbabwe de devenir un Etat en faillite», a estimé le chef du MDC. «Mugabe n'est pas un partenaire crédible mais je dois faire avec.»

«A un certain moment, nous allons devoir décider si ça vaut la peine ou non d'entrer dans ce gouvernement», a toutefois prévenu M. Tsvangirai.

«S'il échoue, le MDC devra trouver d'autres alternatives pour continuer à lutter (pour la démocratie) jusqu'à ce que ce but soit atteint. Nous ne pouvons pas rester sans rien faire», a-t-il ajouté.

Cet accord, censé mettre fin à la paralysie née de la victoire historique du MDC aux élections générales fin mars et de la réélection controversée de Robert Mugabe fin juin, prévoit que ce dernier reste président et que M. Tsvangirai devienne Premier ministre.

Il garantit également que les partis politiques ne soient victimes d'«aucune forme de harcèlement ou d'intimidation». Le MDC estime cependant que le gouvernement ne respecte pas cette clause, en poursuivant les arrestations des partisans de l'opposition.

«La détention prolongée de ces personnes est illégale. Ils continuent de torturer nos partisans», a accusé M. Tsvangirai, dénonçant «les violations des droits des citoyens par un régime qui est perdu».

L'organisation Human Rights Watch (HRW) a réclamé jeudi «la libération immédiate» de 32 militants de l'opposition et des droits de l'Homme, enlevés pour certains depuis octobre. L'Etat avait dans un premier nié ces arrestations avant de faire comparaître ces partisans le 24 décembre. HRW a également demandé où se trouvait onze autres personnes, toujours portées disparues.

M. Tsvangirai a également tenu le régime pour responsable de la crise humanitaire qui ravage le Zimbabwe. Près de la moitié de la population est aujourd'hui menacée par la famine et plus de 2.100 personnes sont mortes depuis août du choléra.

Les membres du parti au pouvoir, l'Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique (Zanu-PF), «ne pourront pas résoudre les problèmes parce qu'ils leur manquent la volonté. Il ne vont pas faire ce qui est nécessaire. Le MDC ne peut résoudre les problèmes car nous n'avons pas le pouvoir», a-t-il estimé.

«Nous devons transférer le pouvoir des responsables de la Zanu-PF (...) à des membres du MDC», a préconisé M. Tsvangirai, 56 ans.

Malgré la détérioration de cette situation et les appels internationaux à la démission de M. Mugabe, l'Afrique du Sud a de nouveau assuré jeudi que la seule issue possible impliquait le président zimbabwéen, 84 ans et au pouvoir depuis 1980.

«Si on exclut Mugabe, cela sera encore plus difficile de résoudre les problèmes car il y a des gens qui croient encore en lui», a estimé le directeur général du ministère des Affaires étrangères, Ayanda Ntsaluba.