Le nom du futur président du Ghana devrait être déterminé par quelques milliers d'électeurs vendredi, sauf si un ultime recours en justice du parti au pouvoir jeudi soir réussissait à empêcher ce dernier vote dans une circonscription isolée.

«Nous essayons d'arrêter l'élection» dans la circonscription de Tain (centre-ouest) «car nous estimons que la situation sécuritaire sur place n'est pas propice à la tenue d'élections libres et justes. La tension est forte», a déclaré à l'AFP Arthur Kennedy, porte-parole du Nouveau parti patriotique (NPP) après avoir saisi un tribunal des référés à Accra.Peu après, M. Kennedy a déclaré que le tribunal des référés avait fait droit à la requête du NPP. «Le tribunal a émis l'ordre» de bloquer la tenue du vote dans la circonscription en question, a-t-il affirmé à l'AFP.

«Je ne suis pas au courant de cela», a déclaré à l'AFP le chef de la commission électorale, Kwado Afari-Gyan. «En ce qui me concerne, l'élection de Tain aura lieu comme prévu», a-t-il dit.

Tain, qui n'avait pas voté dimanche dernier en raison de problèmes logistiques, est la dernière circonscription devant se prononcer, en une sorte de «troisième tour» partiel.

A l'issue du second tour de la présidentielle, les résultats dans 229 des 230 circonscriptions donnaient une très légère avance de 23 055 voix au candidat de l'opposition John Atta-Mills du Congrès national démocratique (NDC), 50,13% des suffrages sur Nana Akufo-Addo (49,87%) du NPP.

Le choix des 53 000 électeurs de Tain, un district qui n'avait pas voté dimanche dernier, est donc déterminant pour savoir qui sera le successeur du président sortant John Kufuor lequel a tiré sa révérence après deux mandats de quatre ans.

Plus tôt jeudi, le NPP avait annoncé avoir saisi la justice pour obtenir le report de la proclamation des résultats à Tain, arguant qu'il fallait commencer par faire la lumière sur des irrégularités observées dans la région de Volta (centre-est).

Dans les villes et villages de la région des partisans des deux camps ont défilé en chantant et en dansant, ce dimanche.

Selon des journalistes locaux sur place joints au téléphone, ces manifestations se déroulaient dans le calme tandis qu'un important dispositif de sécurité avait été déployé dans le district de plus de 4125 kilomètres carrés.

Policiers et militaires étaient visibles dans les rues et fouillaient scrupuleusement les véhicules, à la recherche d'armes.

Le NPP a porté plainte auprès de la Commission électorale, dénonçant des cas de violences et d'intimidations contre ses observateurs électoraux dans la région Volta (centre-est), a indiqué mercredi Nana Akufo-Addo.

La présidentielle au Ghana a jusqu'à présent été louée comme un modèle de transparence et d'ordre en Afrique, un continent coutumier d'élections violentes et frauduleuses.

Le report par la Commission électorale de l'annonce des résultats du second tour, initialement prévue mardi, a cependant fait naître des tensions.

Mercredi soir, après une journée calme, des dizaines de partisans du NPP en colère ont manifesté devant la Commission électorale à Accra, brandissant machettes et bâtons et agressant des automobilistes et des journalistes locaux, a constaté l'AFP.

La police a usé de canons à eau pour tenter de disperser la manifestation qui a duré deux heures et qui ne s'est achevée qu'après l'intervention d'un élu du NPP qui a assuré aux manifestants la victoire à l'issue du vote vendredi.