Les Ghanéens retournent aux urnes dimanche pour un second tour de l'élection présidentielle s'annonçant serré entre le candidat du parti au pouvoir Nana Akufo-Addo, qui part avec une légère avance, et l'opposant John Atta-Mills.

Lors du premier tour du 7 décembre, Nana Akufo-Addo, un avocat de 64 ans, candidat du Nouveau parti patriotique (NPP, au pouvoir), avait remporté 49,13% des suffrages, contre 47,92% pour John Atta-Mills, un professeur de droit également âgé de 64 ans, candidat du Congrès national démocratique (NDC, opposition). Les cinq autres candidats en lice avaient été éliminés.Le NDC avait cependant remporté la majorité au Parlement (avec 113 sièges contre 109 pour le NPP) à l'issue des législatives organisées le même jour. Le reste des 230 sièges à pourvoir est revenu à des partis minoritaires ou à des indépendants.

Selon l'Institut pour la gouvernance démocratique (Ideg, indépendant, basé au Ghana), le scrutin s'annonce trop serré pour prévoir qui succèdera au président John Kufuor, qui tire sa révérence après huit ans au pouvoir.

«Le résultat du vote est encore très ouvert. Il est toujours difficile de prévoir comment un électeur ghanéen vote», rappelle le directeur de l'Ideg Emmanuel Akwetey.

Le scrutin du 7 décembre avait été salué par les observateurs locaux et étrangers pour le calme et la transparence qui ont prévalu sur un continent coutumier d'élections violentes et frauduleuses.

Marqué par un taux de participation de 69,52%, le vote n'avait été émaillé que par quelques incidents isolés selon la Coalition d'observateurs des élections (Codeo).

«Les deux camps sont si proches de la victoire que chacun pense mériter de gagner», commente Kojo Asante, du Centre pour le développement démocratique, une ONG ghanéenne, en notant un net durcissement de la campagne.

«Les méthodes ont complètement changé, il y a des attaques (personnelles), des accusations et des contre-accusations, des allégations de tricherie ou d'espionnage dans tous les camps», a-t-il déclaré à l'AFP.

Le NDC a notamment accusé le NPP d'utiliser le vote anticipé organisé mardi - auquel prennent part les membres des forces de sécurité et des commissions électorales indisponibles dimanche - pour truquer l'élection.

Selon le parti au pouvoir, un nombre nettement plus élevé de votants s'est exprimé lors du scrutin anticipé pour le second tour que lors du vote anticipé au premier.

Les tensions politiques ne se répercutent toutefois pas sur la population, les électeurs ayant semblé plus préoccupés par les festivités de Noël que par le second tour, selon des observateurs.

«Il n'y a pas d'excitation comme au premier tour, les gens sont plutôt détendus. Ceux qui sont sur les nerfs, ce sont les candidats et leurs partisans», note M. Akwetey.

Si M. Akufo-Addo gagne, le Ghana, ancienne colonie britannique, se retrouvera dans une situation inédite de cohabitation, une première depuis l'avènement du multipartisme en 1992.

Après le premier tour, Nana Akufo-Addo avait concédé que s'il gagnait, il devrait savoir «travailler de manière consensuelle avec ce nouveau Parlement».

Pour les analystes régionaux, un second tour serein permettrait au Ghana de montrer un exemple dont l'Afrique a particulièrement besoin après les crises post-électorales au Zimbabwe et au Kenya en 2008.