L'Union africaine (UA), l'Union européenne (UE), les Etats-Unis et les dirigeants africains ont condamné la tentative de coup d'Etat en Guinée consécutive à la mort du président Lansana Conté et appelé à une «transition pacifique et démocratique» dans ce pays.

Le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, a «fermement condamné» la tournure des évènements.

Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA (CPS) devrait se réunir d'urgence mercredi à son siège d'Addis Abeba.

Mais d'ores et déjà, l'UA a appelé «toutes les forces politiques de Guinée et autres institutions de l'Etat, notamment les forces armées, à assurer une transition constitutionnelle, pacifique et consensuelle, dans le respect de l'ordre démocratique», a déclaré le commissaire à la Paix et la sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra.

La tentative de coup d'Etat a eu lieu quelques heures après l'annonce de la mort du chef de l'Etat, le général Lansana Conté, qui était au pouvoir depuis 1984.

L'UE a également appelé tous les responsables politiques ainsi que toutes les institutions civiles et militaires «à respecter (...) les dispositions constitutionnelles afin d'assurer une transition pacifique en vue de l'organisation rapide d'élections libres et transparentes».

La France, ancienne puissance coloniale, a aussi appelé «à l'organisation d'élections libres et transparentes rapidement».

En cas de vacance du pouvoir, constatée par la plus haute instance judiciaire, la gestion des affaires de Guinée doit revenir temporairement au président de l'Assemblée nationale, chargé d'organiser une élection présidentielle dans les 60 jours.

Même ton au Etats-Unis. «Nous encourageons les institutions guinéennes à prendre toutes les mesures nécessaires à une transition pacifique et démocratique», a dit un porte-parole de la Maison Blanche, Tony Fratto.

Condamnant «fermement» la tentative de coup d'Etat, la Fédération internationale des Ligues des droits de l'Homme (FIDH) a demandé aux organisations internationales de «suspendre immédiatement la Guinée de leurs instances» si le coup d'Etat était confirmé.

La Guinée «sera automatiquement suspendue» de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest en cas de succès de la tentative de coup, a déjà prévenu la Cédéao. «Il n'y a aucun doute à ce sujet», a déclaré à l'AFP le secrétaire exécutif de la Cédéao, Mohamed Ibn Chambas.

Plusieurs instances et leaders ont exprimé l'inquiétude de voir la région déstabilisée.

«C'est un revers grave, particulièrement pour la région très volatile du fleuve Mano (Guinée, Sierra Leone, Liberia)», a commenté le secrétaire exécutif de la Cédéao.

Le président de la Sierra Leone, Ernest Koroma, a convoqué le Conseil national de sécurité dans le but de «surveiller les activités militaires» de la Guinée voisine.

En Centrafrique, le président du Conseil économique et social, Martin Baba, craint «que le pire ne soit pas évité».

Le chef de l'Etat burkinabé, Blaise Compaoré, a quant à lui espéré un retour rapide de la «démocratie et de l'Etat de droit» et que ces évènements permettent aux Guinéens de «participer à des élections crédibles», ce qu'ils «attendent depuis des années».

Certains chefs d'Etat africains n'ont pas fait référence aux événements.

Le sud-africain Kgalema Motlanthe a présenté ses «sincères condoléances» et le Kényan Mwai Kibaki a regretté «une perte» pour le peuple guinéen, le Kenya et le continent.

Des organisations humanitaires se sont montrées plus critiques sur le personnage de Lansana Conté.

La Ligue ivoirienne des droits de l'Homme a vu dans son décès une «opportunité» pour la Guinée de «tout remettre à plat».

Au Gabon, Georges Mpaga, à le tête d'un réseau de plus de cent organisations de la société civile, a rappelé la «gestion calamiteuse» du pouvoir de Lansana Conté et s'est réjoui que la Guinée soit désormais «libérée d'un bourreau».