Le président zimbabwéen Robert Mugabe a qualifié mardi de «stupides» les déclarations des Etats-Unis sur l'impossibilité de former un gouvernement d'union nationale avec le plus vieux chef d'Etat africain.

«Il y a seulement deux jours, l'administration américaine a déclaré qu'elle n'acceptait plus le processus (pour la formation) d'un gouvernement d'union nationale. Ce gouvernement n'inclut pas M. Bush et son administration», a affirmé le président Mugabe aux funérailles d'un membre de son parti.

«Il (l'accord de partage de pouvoir) ne le connaît même pas. Il n'a aucune relation avec lui (M. Bush). Qu'il garde ses commentaires pour lui. Ils sont immérités, hors de propos, stupides et idiots», a poursuivi M. Mugabe, 84 ans.

«Ce sont les derniers coups de sabots d'un cheval mourant. Nous n'allons évidemment pas payer attention à une administration en déclin. Le destin du Zimbabwe est entre les mains des Zimbabwéens», a-t-il affirmé.

Lors de cet enterrement, les militants du parti au pouvoir depuis 1980, l'Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique (Zanu-PF), avaient dressé des banderoles portant des inscriptions telles que «Respectez le droit à l'autodétermination du Zimbabwe» ou «On ne prête pas attention à une administration en déclin, au revoir Bush».

Le président Mugabe et son rival Morgan Tsvangirai ont signé mi-septembre un accord de partage de pouvoir pour sortir le pays de la crise née de la défaite historique du régime aux élections générales de mars. Trois mois plus tard, les deux hommes n'arrivent toujours pas à s'entendre sur la formation d'un gouvernement d'union.

Dimanche, la secrétaire d'Etat adjointe américaine Jendayi Frazer a estimé qu'un gouvernement d'union n'était pas possible au Zimbabwe avec le président Mugabe qui selon elle, a perdu «le sens des réalités».

Cette paralysie politique se double d'une crise humanitaire sans précédent. Une épidémie de choléra a fait près de 1.200 morts et environ 24.000 malades depuis août.

Si rien n'est fait, elle pourrait toucher quelque 60.000 personnes, selon des organisations internationales, qui estiment par ailleurs que la moitié de la population est menacée de famine en raison de l'effondrement de l'économie.