Le président du Zimbabwe, Robert Mugabe est devenu un «dictateur fou» qui a perdu «tout contact avec la réalité», a estimé lundi l'expert suisse des droits de l'Homme de l'ONU Jean Ziegler.

«L'horreur qui se déroule actuellement au Zimbabwe est totalement intolérable, avec le choléra, l'Etat qui se délite», a commenté M. Ziegler interrogé par la Radio suisse romande.

Le pays est dirigé par «un chef d'Etat qui est un ancien héros du mouvement de libération mais qui visiblement a perdu tout contact avec la réalité et qui s'accroche alors qu'il a perdu les élections» (législatives en mars, ndlr), a ajouté l'expert suisse du comité consultatif du Conseil des droits de l'Homme aux Nations Unies.

«Ce dictateur même fou est pratiquement sous la protection du gouvernement sud-africain», a encore estimé M. Ziegler selon lequel cette protection explique l'incapacité des pays occidentaux à réagir pour venir en aide à «des citoyens qui sont massacrés par leur propre gouvernement».

Le célèbre expert, connu pour ses sorties fracassantes, a insisté: la seule solution aujourd'hui pour sortir le pays du marasme serait que «l'Union européenne exige de l'Afrique du Sud qu'elle abandonne sa protection pour ce dictateur fou».

Car une intervention du Conseil de sécurité de l'ONU ne paraît pas possible, a encore considéré M. Ziegler, même si en théorie, le Conseil serait habilité à envoyer des casques bleus et faire tomber le président Mugabe au nom «d'une intervention humanitaire».

«Les droits de l'homme sont violés d'une façon que le Conseil de sécurité a le devoir de protéger les populations» massacrées par les autorités de leur pays, a expliqué M. Ziegler.

«Mais il ne le fait pas», a-t-il regretté mettant en avant des problèmes «géostratégiques» ainsi que le veto prévisible de la Russie et la Chine (membres du Conseil).

Ce qu'il faudrait, a encore argué M. Ziegler, c'est «une pression de l'opinion publique mondiale sur l'Afrique du Sud qui est un pays profondément civilisé, ouvert vers l'Europe».

Le Zimbabwe, ruiné, traverse une crise sans précédent, paralysé politiquement depuis la défaite historique du régime aux élections législatives du 29 mars sur fond d'épidémie rampante de choléra.

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