Le choléra a fait près de 1000 morts et continue de se propager au Zimbabwe, un pays frappé par une crise humanitaire, économique et politique sans précédent, selon un bilan établi lundi par l'ONU, dont le Conseil de sécurité se réunissait le même jour au grand dam de Harare.

Le choléra a fait 978 morts et 18.413 cas suspects ont été diagnostiqués, a annoncé le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

Depuis août, la maladie qui se transmet par les eaux usées ne cesse de progresser et les organisations internationales ont du mal à répondre aux besoins croissants de la population. La Croix-Rouge, qui vient d'envoyer des équipements, a fait lundi un appel aux dons.

Face à cette situation catastrophique, le Conseil de sécurité pourraient mettre à l'ordre du jour le Zimbabwe sous la pression les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui ont réclamé la semaine dernière la démission du président Robert Mugabe.

Ils accusent le plus vieux dirigeant africain de l'effondrement économique et social du Zimbabwe et Washington a indiqué la semaine dernière qu'il discutait avec l'Afrique du Sud et d'autres membres du Conseil de sécurité sur la façon d'«entamer un processus qui mettra fin à la tragédie se déroulant» dans ce pays.

Pour le ministre zimbabwéen de l'Information Sikhanyiso Ndlovu, il est «indécent» de la part des pays occidentaux de vouloir discuter du Zimbabwe au Conseil de sécurité sans sa présence.

«Nous ne sommes pas une menace. S'ils insistent, nous travaillerons dur pour bloquer cette action avec l'assistance de nos amis», a-t-il insisté.

Par le passé, le Conseil avait échoué à prendre des mesures contre Harare en raison de divisions entre les Occidentaux et le bloc Russie-Chine.

Les autorités ont également accusé le Botswana voisin, un des seuls pays africains à critiquer ouvertement Harare, de soutenir un complot de l'opposition visant à renverser M. Mugabe, 84 ans dont 28 au pouvoir.

«Les preuves que nous avons montrent que le Botswana est devenu un auxiliaire des puissances occidentales», a affirmé le ministre de la Justice Patrick Chinamasa dans le journal gouvernemental The Herald.

Le principal parti d'opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), a aussitôt répondu que le Botswana n'était pas le seul pays à perdre patience.

«Ce n'est pas seulement le Botswana qui a dit que les choses n'allaient pas bien au Zimbabwe. L'Afrique est impatiente aussi à l'égard de la Zanu-PF (au pouvoir). Tous les leaders africains en ont marre du Zimbabwe», a déclaré à la presse le secrétaire général du MDC, Tendai Biti.

M. Biti a également accusé le parti au pouvoir, qui ouvre mardi son congrès annuel, de vouloir déclarer l'état d'urgence, ce qui lui permettrait de suspendre la Constitution.

Selon lui, la Zanu-PF tente actuellement d'obtenir des aveux de certains opposants pour justifier cet état d'urgence. «Les 15 militants (du MDC) enlevés depuis octobre seront utilisés pour obtenir de faux aveux», a-t-il soutenu.

Le pays est plongé dans la paralysie politique depuis la victoire historique de l'opposition aux élections générales de mars. Pour sortir de cette impasse, MM. Tsvangirai et Mugabe ont signé mi-septembre un accord de partage du pouvoir, resté depuis sans effet.

Cette impasse politique dans l'ancien grenier à céréales de la région se double d'un effondrement de l'économie, avec une inflation inouïe de 231 millions %, et d'un désastre humanitaire.

Plus de la moitié de la population est menacée de famine et l'épidémie de choléra, qui s'étend aux pays voisins, pourrait toucher jusqu'à 60 000 personnes, selon des organisations internationales.