Des pirates somaliens réclamaient toujours samedi une rançon de 25 millions de dollars, à la veille de l'expiration de leur ultimatum, contre la libération du superpétrolier saoudien, le Sirius Star, menaçant sinon de mener une action «aux conséquences désastreuses».

«Les négociations se poursuivent et nous ne savons pas quand elles seront finalisées», a indiqué par téléphone Mohamed Said, porte-parole des pirates, sans exclure toutefois une prolongation de l'ultimatum qu'ils ont initialement fixé au 30 novembre. «Même si l'ultimatum pour le paiement des 25 millions de dollars est près d'expirer, nous espérons toujours une réponse favorable», a-t-il dit sans autre précision.

«Le mouvement tactique (du bateau) se poursuit pour raison de sécurité dans la zone d'Harardhere. Ce n'est en aucun cas pour faire du mal à l'équipage du pétrolier», a-t-il ajouté, assurant qu'il souhaitait que «rien de mal ne se passe».

Dans une interview récente, le patron de la compagnie d'assurance Lloyd's a estimé qu'il «y a de grande chance» que les propriétaires du superpétrolier payent la rançon, n'ayant «pas d'autres alternatives pour préserver des vies».

Les pirates somaliens ont capturé le Sirius Star, 330 mètres de long, le 15 novembre avec ses 25 membres d'équipages, et un chargement de 300 000 tonnes de pétrole. C'est la prise la plus spectaculaire de ces écumeurs des mers, qui ont attaqué une centaine de bateaux depuis le début de l'année.

Sur le plan diplomatique, l'Ethiopie, dont des troupes sont stationnées en Somalie, continue de faire pression sur la communauté internationale pour qu'elle s'occupe de la piraterie dans le golfe d'Aden, mais aussi des problèmes politiques et sécuritaires somaliens sur le continent.

Dans un communiqué, le ministère éthiopien des Affaires étrangères souligne que la piraterie «a souvent des liens avec le terrorisme et la politique. Il y a des preuves que c'est le cas avec des groupes terroristes en Somalie», invitant les Occidentaux à s'attaquer «aux causes du problème en Somalie même».

De son côté, le premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, de retour du Yémen, a déclaré que «en soutenant directement les extrémistes en Somalie (...), l'Erythrée est responsable de la piraterie rampante dans la région».

Les deux voisins de la Corne de l'Afrique entretiennent des relations très tendues depuis le conflit meurtrier qui les a opposés entre 1998 et 2000, et s'accusent mutuellement du chaos qui règne en Somalie.

Vendredi, un chimiquier battant pavillon libérien, le Biscaglia, a été attaqué dans le Golfe d'Aden par un groupe de six pirates, en dépit de la présence à bord de trois agents d'une compagnie privée de sécurité britannique.

Selon le directeur de la compagnie Anti Piracy Maritime Security Services (APMSS), Nick Davis, son équipe de trois hommes, deux Britanniques et un Irlandais, «embarquée sur le MV Biscaglia a subi une attaque importante de pirates équipés d'armes automatiques et de lance-roquettes».

Cette équipe, qui comprenait «d'anciens militaires britanniques», précise la société, a mené une «résistance soutenue» afin d'«empêcher les assaillants d'aborder sur le bateau le temps nécessaire pour que l'équipage se mette en sécurité (...) et qu'une assistance soit demandée aux navire de la coalition».

«L'équipe a finalement été débordée quand les assaillants ont réussi l'abordage et tiré sur l'équipe de sécurité embarquée», a ajouté M. Davis, selon lequel ses agents ont finalement été obligés de quitter le navire en sautant à la mer. Ils ont été repêchés par un hélicoptère allemand.