L'Otan réfléchit au rôle qu'elle pourrait jouer face aux pirates somaliens mais elle n'envisage à ce stade ni blocus naval, ni opération terrestre contre eux, malgré des appels en ce sens, ont affirmé lundi ses plus hauts responsables.

«Le blocus des ports (de Somalie) n'est pas envisagé par l'Otan», a déclaré lundi son secrétaire général, Jaap de Hoop Scheffer, soulignant qu'aucune action de ce genre n'avait été jusqu'à présent autorisée par le Conseil de sécurité des Nations unies.

«Cela ne fait pas partie, aujourd'hui, des options», a ajouté M. de Hoop Scheffer à l'issue d'une réunion Otan-UE, tout en rappelant que l'alliance réfléchissait «à ses responsabilités à plus long terme» face au phénomène de la piraterie.

Le secrétaire général de l'Otan était interrogé par la presse sur l'appel en faveur d'un blocus des côtes somaliennes lancé lundi par l'Association des armateurs pétroliers réunis à Kuala Lumpur.

A la demande de l'ONU, l'Otan a envoyé fin octobre quatre navires de guerre italien, grec, britannique et turc croiser dans les parages du golfe d'Aden et de la Somalie.

L'Union européenne doit prendre le relais le 8 décembre avec cinq ou six bateaux assistés d'avions de patrouille maritime.

L'Otan a annoncé le 18 novembre qu'au-delà de l'aide qu'elle allait fournir à l'opération navale européenne Atalanta, elle réfléchissait à un rôle «à plus long terme» face à la piraterie.

Le commandant en chef des forces alliées en Europe, le général John Craddock, a confirmé lundi à la presse qu'il avait été chargé d'examiner «les possibilités à long terme d'une implication de l'Otan dans des opérations antipiraterie».

La réflexion de l'Alliance atlantique n'en est encore qu'à un stade initial de défrichage, a cependant souligné l'officier américain, évoquant «un travail de pionnier».

Le général Craddock a notamment observé que «l'on ne bloque pas la piraterie sur la mer mais sur terre».

Interrogé sur l'opportunité de planifier une opération terrestre, il a cependant répondu : «Je pourrais avoir à le faire, mais aujourd'hui je me concentre sur les opérations navales».

Une intervention terrestre, préconisée notamment le 19 novembre par l'ambassadeur de Russie auprès de l'Otan, «est bien au-delà de ce que je fais aujourd'hui et de ce que l'on m'a demandé de faire», a assuré le commandant en chef des forces alliées en Europe.

Pour lui, la priorité est de sécuriser l'acheminement de l'aide humanitaire du Programme alimentaire mondial (PAM), en escortant ses navires, comme le font deux des quatre bateaux de guerre de l'Otan qui patrouillent au large de la Somalie.

Les pirates ont déjà lancé cette année une centaine d'attaques dans cette zone au débouché de la mer Rouge, vitale pour le commerce mondial, et notamment pour celui des hydrocarbures.

Un superpétrolier saoudien, le Sirius Star, a été capturé il y a dix jours par des pirates somaliens, qui exigent de ses armateurs une rançon de 25 millions de dollars.

Le superpétrolier, qui avait été pris d'assaut en plein océan Indien, est au mouillage depuis mardi dernier dans la zone d'Harardhere, petit port de pêche et repaire des pirates situé à environ 300 km au nord de Mogadiscio.

Ce port serait certainement l'un des premiers visés au cas où l'ONU recommandait un jour un blocus ou autorisait une opération militaire.